Et l'aquaculture du thon rouge ?

Oeufs de thons rouges
Œufs de thon rouge embryonnés (© Fernando de la Bandara - IEO)
Larves de thons rouges
Œufs de thon rouge embryonnés (© Fernando de la Bandara - IEO)

Une activité qui créée polémique

Contrairement à de nombreuses espèces marines (saumon, bar, daurade), l’aquaculture des grands thons n’est pas parfaitement maitrisée et continue à faire l’objet d’expérimentations poussées dans plusieurs pays (Australie, Japon, Europe) afin de mener le cycle complet de l’élevage sur plusieurs générations, en vue de s’affranchir des captures en mer et de maximiser les profits. Les partisans de l’aquaculture des grands thons estiment que l’élevage permettra de réduire la pression sur les stocks sauvages. Les organisations de défense de l’environnement pensent que le problème sera juste déplacé, la pression de pêche se reportant sur les « poissons fourrages  » situés à la base de la chaîne alimentaire, risquant ainsi de perturber l’ensemble des écosystèmes marins.

L'engraissement des thons

L’élevage du thon rouge repose quasi exclusivement sur « l’embouche », une technique consistant à capturer de jeunes thons dans le milieu naturel et à les faire grossir dans de grandes enceintes d’élevage, jusqu’à la taille commerciale. Nourris de poissons « fourrages » (10 kg de sardines ou de maquereaux produiront 1 kg de thon), les poissons engraissent rapidement avant d’être abattus et exportés vers les pays consommateurs, essentiellement le Japon, loin de l’endroit où ils sont produits, participant à l’émission de gaz à effet de serre. L’activité est controversée ; pour les défenseurs de la pêche durable, elle décime les futurs reproducteurs et manque de transparence.

Telle qu’on la pratique aujourd’hui, l’aquaculture du thon rouge semble loin d’être durable car elle pose, entre-autres, le problème de la gestion des ressources marines, des impacts écologiques et de l’émission des gaz à effet de serre.

Route Ifremer
Cage flottante, contenant des thons rouges vivants capturés en Méditerranée par une senne tournante, en route vers une ferme d’engraissement (© J.M. Fromentin/Ifremer)

Le coin des experts

Trois espèces à haute valeur marchande sont engraissées dans les sites d’embouche : le Thon rouge de l’Atlantique (Thunnus thynnus), le Thon bleu du Pacifique (Thunnus orientalis) et le Thon rouge du sud (Thunnus maccoyii). Plus de 50 fermes, localisées en Australie, au Mexique, au Japon et en Méditerranée ont produit au total 36 350 tonnes en 2014, dont 14 500 tonnes de thon rouge de l’Atlantique, essentiellement en Italie, Espagne, Croatie, Malte, et Turquie.

L’immense majorité des thons rouges pêchés en Méditerranée par la pêche industrielle est destinée à l’activité d’embouche qui sert à alimenter le marché japonais.

Elevage Thon Malte
Une cage d’embouche du thon rouge à Malte (© François Simard)

Peut-on manger du thon rouge ?

Thon rouge pris au large de Monaco
Thon rouge issu de la pêche artisanale, pris à la palangre au large de Monaco et proposé en circuit court (© Eric Rinaldi – La Pêcherie U Luvassu).

Prudence et discernement

Il y a quelques années, avec des stocks en voie d’effondrement, la consommation de thon rouge était largement déconseillée, conduisant la Principauté de Monaco à adopter un moratoire par consensus sur sa consommation. Avec des stocks aujourd’hui en meilleur état, il est possible de consommer du thon rouge, mais avec beaucoup de discernement. Ethic Ocean suggère de limiter la quantité consommée, privilégier l’origine «Atlantique est et Méditerranée » et choisir les spécimens pêchés à la canne, de plus de 30 kg (donc à maturité sexuelle). Il faut éviter en revanche la consommation de thon rouge du stock d’origine « Atlantique ouest » et des autres espèces de thons surexploitées, Thon bleu du Pacifique (Thunnus orientalis) et Thon rouge du sud (Thunnus maccoyii) lorsqu’ils proviennent du sud des 3 océans.

Quels critères appliquer ?

Pour Mr.Goodfish, le programme de consommation durable soutenu par la Fondation Prince Albert II, on peut manger du thon rouge mais uniquement s’il est sauvage, provient de certaines zones de pêche (essentiellement de l’Atlantique) et s’il est pris en dehors de sa période de reproduction, à une taille minimale recommandée de 120 cm.

Thon restaurant
© Taylor Grote

Les labels

Certains labels proposent du thon rouge pêché de manière responsable respectant la réglementation en vigueur et des cahiers des charges spécifiques à la méthode de pêche (palangre, canne, ligne). Celui-ci concerne le thon rouge pêché à la ligne et inclut les bons gestes en cas de capture d’espèces « accessoires » (requins, raies pélagiques, tortues marines, oiseaux).

Notre meilleur conseil : quand vous achetez du thon ou d’autres produits de la mer, soyez curieux et exigeant ! N’hésitez pas à poser des questions au vendeur ou au restaurateur, ils sont là pour ça ! Essayez d’identifier l’espèce que vous consommez, la zone de pêche ou de production, la méthode utilisée et en quoi elle est issue de pêche ou d’aquaculture durables. N’achetez jamais de thon rouge venant de la pêche récréative ou sportive, c’est interdit!

12

Août 2020

Du nouveau sur la certification du thon rouge de l’Atlantique…

L’organisme de labellisation Marine Stewardship Council vient d’attribuer le « label pêche durable » à une pêcherie utilisant la palangre (grandes lignes avec hameçons) dans l’océan Atlantique est (55 tonnes capturées en 2018). Cette décision intervient après qu’un expert juridique indépendant a estimé que les mesures prises par l’entreprise remplissaient totalement les critères de pêche durable. D’autres pêcheries seraient en passe de demander une certification. 

Par principe de précaution, au vu des incertitudes scientifiques sur l’état du stock, certaines ONG s’opposent actuellement à toute certification du thon rouge de l’Altlantique. Pour le WWF, « la certification MSC du thon rouge est un signal alarmant qui montre que le résultat est dicté par la demande de l’industrie plutôt que par des preuves scientifiques de durabilité… Cela peut être une tendance dangereuse qui peut menacer le rétablissement complet du thon rouge et notre possibilité de restaurer la santé des océans au niveau mondial d’ici 2030. » 

Comment Monaco agit en faveur du thon rouge ?

Depuis 2008 et sous l’impulsion de S.A.S. Le Prince Albert II de Monaco et de sa Fondation, la Principauté de Monaco mobilise ses forces pour alerter l’opinion mondiale et tenter de sauvegarder ce grand migrateur emblématique de la Méditerranée.


Le thon rouge si puissant est pourtant si vulnérable face aux intérêts financiers qu’il génère. Dès sa création, la Fondation Prince Albert II de Monaco a œuvré pour sa sauvegarde et a fait de Monaco le premier Etat à demander une protection internationale de cette espèce. Grâce à l‘action politique de la Principauté et au retentissement mondial qu’elle a eu, les quotas proposés par les scientifiques ont été respectés et les stocks ont commencé à se consolider. Ce poisson emblématique de la Méditerranée est donc représentatif du pouvoir de l’Homme à réguler les pêches pour assurer un stock durable et veiller à la survie d’une espèce. Même si la situation du thon rouge semble tout juste commencer à se rétablir en Méditerranée, l’espèce est toujours vulnérable. Il est donc indispensable de rester prudent et vigilant, de combattre la pêche illégale, et de veiller à ce que l’avis des scientifiques soit toujours suivi, même s’il diffère des intérêts économiques. Le « combat » n’est jamais gagné et la mémoire de l’Homme s’efface devant le gain, nous devons poursuivre nos efforts pour qu’à tout jamais ce seigneur de l'Océan continue de peupler notre belle Méditerranée.

MySushi Camion préservation thon rouge

Un moratoire pour donner l'exemple

En 2008, un moratoire sur la consommation du thon rouge de l’Atlantique est et de la Méditerranée, initié par la Fondation Prince Albert II et l’association Monaco Développement Durable (MC2D) est mis en place en Principauté, en collaboration avec les restaurateurs, les détaillants et les grandes surfaces. Grâce à ce consensus national totalement inédit, la principauté montre l’exemple ;  le thon rouge n’est plus proposé à la vente à Monaco, y compris dans les restaurants de sushis !

La tentative d'inscription à la CITES fait bouger les lignes

En 2009, à la 15e session de la Conférence des Parties de Doha (Qatar) en mars 2010, la Principauté (avec la France) lance une procédure d’inscription à l’annexe I de la CITES qui aurait eu pour effet, si elle avait été adoptée, d’interdire le commerce international du thon rouge d’Atlantique est et de la Méditerranée. Bien que non adoptée, la proposition sensibilise l’opinion publique mondiale bien au-delà des frontières de Monaco et contribue à la décision de la CICTA de réduire les quotas de pêche.

De 2011 à 2019, Monaco suspend les captures (pêche professionnelle et de loisir) dans les eaux sous juridiction nationale.

Le thon rouge de Méditerranée
Maquette thon M. Dagnino
Grand moulage à taille réelle, en partie naturalisé (avec quelques vraies parties du squelette), réalisé à partir d’un spécimen de 100 kg capturé au Cap Bon et exposé au Musée océanographique dès 1929 (©Michel Dagnino)

De la science, à la sensibilisation des consommateurs...

Depuis 2008, en partenariat avec le WWF, la Fondation Prince Albert II soutient de nombreux programmes visant la gestion durable et à long terme des populations (et non plus une reconstitution de stocks temporaire) en suivant plusieurs axes de travail : comprendre les déplacements et les comportements de ce grand migrateur pour mieux connaître les stocks et définir des quotas raisonnables, préserver les zones de reproduction (frayères) grâce à des sanctuaires en haute mer ou autres Aires marines protégées, lutter contre la pêche illégale, développer des techniques de pêche et des habitudes de consommation responsables (grâce à Mr.Goodfish), privilégier la pêche artisanale et locale.

La Fondation soutient aussi un programme de marquage de thon rouge par balises satellitaires en collaboration avec la Fédération de Pêche en Mer de Monte-Carlo, dans le sanctuaire Pelagos, une zone où il existe très peu de données. Transmises à la CICTA, les données contribuent à l’estimation des stocks et à la détermination des quotas pour garantir une pêche de thon rouge durable.

Se faisant l’écho des actions de ses partenaires en principauté, l’Institut océanographique prend l’exemple du thon rouge pour informer et mobiliser le grand public sur les défis de la pêche mondiale et sur la disparition des grands prédateurs marins. Eminent spécialiste du thon rouge, le Professeur François Doumenge, directeur du Musée océanographique de 1989 à 2001, a publié de nombreux travaux scientifiques et de vulgarisation sur le sujet, dont « L’histoire des pêches thonières » en 1998. Le sujet fait l’objet de conférences comme celle intitulée « Thon rouge : histoire d’une surpêche et d’une reconstitution ».

Timbre Thon Rouge

La surpêche menace le thon rouge

Thon Mer

Dans la Liste rouge européenne des poissons marins établie en 2015 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), le thon rouge de l’Atlantique figure dans la catégorie « quasi menacée ».

La surpêche et la surcapacité des flottilles de pêche sont la principale cause de raréfaction du thon rouge.

Comment en est-on arrivés là ?

De 1990 à 2007, les captures culminaient à des niveaux records de l’ordre de 50 000 tonnes/an, bien au-delà de la capacité du stock à se régénérer. Constatant la surexploitation, la CICTA met en place en 1998 un quota d’environ 30 000 tonnes par an, sans résultat positif car le quota est supérieur aux recommandations scientifiques et surtout, il n’est pas respecté par de nombreux pays, et cela jusqu’en 2007.

LE SAVIEZ-VOUS ?

Le fléau du plastique en mer menace aussi le thon rouge. Selon une étude menée en 2015 sur les grands prédateurs en Méditerranée (thons et espadons), 32.4 % des spécimens de thons rouges étudiés contenaient du plastique dans leur estomac, une vraie inquiétude pour l’UICN et un signal d’alarme sur les effets potentiels de ces débris sur la santé humaine.

En 2006, afin d’éviter l’effondrement total des populations, un plan de reconstitution du stock de l’Atlantique Est et de la Méditerranée est adopté, comprenant des mesures de suivi et de contrôle des activités de pêche (période de fermeture de pêche, obligation d’une « taille minimale de conservation »  de 115 cm ou 30 kg – certains types de pêche disposant de dérogations à 8 kg ou 75 cm), interdiction des avions de reconnaissance, présence d’observateurs à bord des bateaux, traçabilité des captures etc), mais les quotas de pêche restent encore trop élevés.

Peche Thon Bateau
Les thons listao congelés de ce thonier-senneur sont prêts à rejoindre une usine d’emboitage (conserverie) au Cabo Verde (© Pierre Gilles, Explorations de Monaco).

Une petite victoire à la CITES

Sous la pression des ONG et de certains états (dont la Principauté de Monaco et la France) qui prônent l’inscription de l’espèce en annexe 1 de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) – ce qui aurait pour effet d’interdire le commerce international – le quota est revu à la baisse (13 500 tonnes) pour l’année 2010, suivant pour la première fois l’avis scientifique ; une victoire importante pour les organisations oeuvrant pour une pêche durable du thon rouge !

UNE situation QUI s'améliore depuis 2009

Grâce au renforcement du plan de reconstitution et à un contrôle plus efficace, la situation du thon rouge s’améliore à partir de 2009. Les captures déclarées diminuent, les suivis aériens montrent que les jeunes thons rouges sont plus abondants, la biomasse des reproducteurs augmente, les pêcheurs en observent plus régulièrement. Aujourd’hui, l’espèce ne serait plus « surexploitée » mais le stock actuel, bien qu’en meilleur état, est loin d’avoir retrouvé son niveau d’avant la pêche industrielle, et des mauvaises pratiques comme la pêche illégale perdurent

Avec des quotas de pêche fixés à la hausse (32 240 tonnes pour 2019, 36 000 tonnes pour 2020 – dont 19 460 tonnes pour l’Union Européenne et 6 026 tonnes pour la France) – soit les niveaux les plus élevés depuis la mise en place du plan de reconstitution – il reviendra à la communauté internationale, aux scientifiques et aux consommateurs de suivre attentivement l’évolution de la situation du thon rouge de l’Atlantique pendant les prochaines années. Affaire à suivre, donc !

Thon rouge à Monaco - Olivier Jude
Images surprenantes de grands thons rouges croisant dans les eaux côtières de Monaco en juin 2020 (© Olivier Jude & Sylvie Laurent) www.phoctopus.com

Le coin des experts

Débarquement Thon rouge
Débarquements de thon rouge de l’Atlantique est et de la Méditerranée de 1953 à 2017 (Source Ethic Ocean).

Comment sont gérés les stocks de thon rouge ?

Zone Géo CICTA
L’immense zone géographique gérée par la CICTA.

LE ROLE DE LA CICTA

Dans l’océan Atlantique et les mers adjacentes (dont la Méditerranée), c’est la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (CICTA) qui est en charge de la conservation et de l’exploitation durable de toutes les espèces de thons et des autres espèces pélagiques marchandes vivant dans la zone (espadon, marlins, requins). En s’appuyant sur les données scientifiques, cette organisation régionale de gestion de la pêche (ORGP) diagnostique l’état des populations, produit des recommandations afin que les pays signataires négocient les accords contraignants, définissent les quotas de pêche (les fameux « TAC », pour « Total admissible de capture ») et adoptent des mesures pour limiter les prises accessoires. Pour le thon rouge de l’Atlantique, la CICTA considère deux entités de gestion distinctes, celle de « l’Atlantique Est et de la Méditerranée »,  (qui représente plus de 90 % des captures et des effectifs totaux du thon rouge de l’Atlantique), et celle de « l’Atlantique Ouest ».

LEs autres thons gérés par la CICTA

Dans la zone gérée par la CICTA, les thons qui côtoient le thon rouge de l’Atlantique sont le thon obèse (Thunnus obesus)(Bigeye tuna), l’albacore ou thon à nagoires jaunes (T. albacares)(Yellowfin tuna), le germon (Thunnus alalunga)(Albacore) et le listao (Katsuwonus pelamis)(Skipjack tuna).

Peche Thon Bateau
Les thons listao congelés de ce thonier-senneur sont prêts à rejoindre une usine d’emboitage (conserverie) au Cabo Verde (© Pierre Gilles, Explorations de Monaco).

Comment est pêché le thon rouge ?

Pêche aux thons 2
Un thonier senneur entoure un banc de thons rouges au large en Méditerranée (© Didier Théron)

Des techniques de capture d’une efficacité redoutable

Les thons rouges sont pris au chalut, à l’hameçon (ligne à main, traine, palangre) ou dans des « madragues » (pièges fixes près de la côte) mais ils sont majoritairement pêchés par les thoniers-senneurs. En Méditerranée, plus de 90 % des captures du thon rouge sont réalisés avec cette méthode. Ces navires de pêche industrielle hypersophistiqués, puissants et rapides (filant à 16 nœuds soit 50 km/h) sont capables de détecter les bancs grâce à une électronique de pointe (radar, sonar). Ils déploient la « senne », un filet gigantesque largué en arc de cercle qui peut recouvrir jusqu’à 20 hectares en mer, et capturent le quota qui leur est alloué en quelques jours seulement.

Cette méthode pose question car elle cible les gros individus venus se reproduire dans des zones spécifiques (notamment autour des baléares, Sicile et de Malte) sur des périodes courtes (mi-mai à mi-juillet). Non seulement, elle « vide » littéralement le milieu marin mais elle porte atteinte à des espèces non ciblées et très menacées (raies Manta, tortues, requins, cétacés) d’autant que beaucoup de thoniers utilisent des Dispositifs concentrateurs de poissons  (DCP), des systèmes flottants intelligents qui attirent les poissons et renseignent à distance les navires sur la quantité de poissons présente. Dans ce cas, les prises accessoires peuvent représenter 5% de la pêche.

Une pêche considérée comme peu équitable

En Méditerranée, beaucoup estiment la pêche à la senne industrielle comme peu équitable, quelques grands bateaux se répartissant la quasi-totalité du quota au détriment des petites unités qui revendiquent aujourd’hui un accès plus important à la ressource.

Le thon rouge fait aussi l’objet d’une pêche récréative ou sportive (quand on est affilié à une fédération), extrêmement encadrée avec interdiction de vente des produits de la pêche. Sur l’année 2020, le quota attribué à la pêche de loisir en France est de 60 tonnes. A Monaco, les conditions de capture du thon rouge sont fixées par ordonnance souveraine.

Découpage Thon Rouge
Thon rouge pêché en Italie- (c) CommonMedia

Une scène de pêche traditionnelle immortalisée par Rossellini

Stromboli Rossellini 1949
Une scène mythique de pêche du thon rouge à la madrague a été immortalisée dans le film « Stromboli » du réalisateur italien Roberto Rossellini tourné dans les années 50 sur l'île-volcan de Stromboli, une des îles Éoliennes au nord de la Sicile.

Quelle est l'importance économique du thon ?

On regroupe sous le nom de « thon » 14 espèces appartenant à 4 genres différents (Auxis, Katsuwonus, Euthynnus, Thunnus), répartis sur quasiment toutes les mers du monde. Cette grande famille de poissons occupe une importance économique majeure dans une économie entièrement globalisée.

Graphique évolution des captures de thons

des prises mondiales en pleine expansion

En 65 ans, les prises mondiales de thon ont augmenté de 1 000 %, passant de 500 000 à 5 millions de tonnes, et la demande pourrait atteindre près de 8 millions de tonnes en 2025 ! En termes de valeur à l’export des produits de la mer, le thon se situe à la 4e place, derrière les crevettes, le saumon et les poissons à chair blanche.

En bout de chaine, la valeur à la vente est estimée à 33 milliards de dollars (soit 24% de l’industrie mondiale des produits de la mer). La consommation moyenne de thon par habitant en 2007 (au niveau mondial) s’établit à environ 0.45 kg par an. Dans l’Union Européenne, c’était plus de 2 kg de thon en boîte par habitant qui était consommé en 2012 !

Thon blanc, aussi appelé germon, Thunnus alalunga, naturalisé. Collections de l’Institut océanographique © Michel Dagnino
Collections de l’Institut océanographique © Michel Dagnino

Thon blanc, aussi appelé germon, Thunnus alalunga, naturalisé.

Sur les 14 espèces de thon, 7 ont une importance commerciale majeure.

3 espèces* (Thon rouge de l’Atlantique, Thon bleu du Pacifique, Thon rouge du sud) représentent seulement 1 % du volume des captures.

Importance Commerciale Thon Rouge

Pourquoi le thon rouge
est-il si recherché ?

Dans le bassin méditerranéen, le thon rouge de l’Atlantique est exploité depuis le Néolithique comme l’attestent les gravures rupestres des grottes de l’île Levanzo, près de la Sicile (photo ci-dessous, complètement à droite : il s’agit d’un thon et non d’un dauphin !).

Il est également présent sur cette pièce de monnaie gréco-hispano-carthaginoise en bronze (200 à 100 avant J.C.), originaire de Gadès ou Carthago Nova, cité grecque installée en Espagne. Coll. Institut océanographique.

Découpe Thon 1

Une star de la cuisine japonaise

Aujourd’hui, le thon rouge sert à confectionner des sashimis et des sushis destinés à des consommateurs amateurs de cuisine japonaise et soucieux de leur santé. Les autres thonidés (bonite à ventre rayé, germon, albacore) sont davantage utilisés dans les conserves et autres produits préparés et conservés.

Les thons rouges de qualité supérieure atteignent des records en termes de prix. En janvier 2019, à l’occasion des enchères du Nouvel An de Tokyo, un thon rouge du Pacifique (Thunnus orientalis cousin du thon rouge de l’Atlantique Thunnus thynnus) de 278 kg, pêché dans le nord du Japon, a été adjugé pour la somme incroyable de 2,7 millions d’euros!

Thons rouges au marché de Tsukiji, Japon.

© François Simard

le thon de Méditerranée s'exporte...

A l’échelle du bassin méditerranéen, plus de 20 pays exploitent le thon rouge ce qui en fait une ressource marine hautement partagée dont la gestion ne peut être menée que dans un cadre international. Sur les 2 dernières décennies, 60% des captures ont été réalisés par la France, l’Espagne, l’Italie et le Japon, conférant à ces pays une responsabilité particulière.

L’immense majorité des thons rouges pêchés en Méditerranée par la pêche industrielle est destinée à l’aquaculture et à l’activité d’embouche qui sert à alimenter le marché japonais.

Découpage Poisson
© Michael Wave

Quels sont la taille et le poids d'un thon rouge ?

Quelle est la taille du thon rouge ?
Avec 678 kilos et 3 mètres, ce spécimen capturé en Nouvelle Ecosse (Canada) en octobre 1979 est considéré par l’International Game Fish Association comme le plus gros spécimen de thon rouge de l’Atlantique jamais capturé.

Un poisson des records

Le thon rouge de l’Atlantique est un poisson marin de grande taille et le plus grand dans la famille des « thons ». A l’âge de 30 ans il peut atteindre 3 mètres et dépasser les 600 kg ! Sa taille et son poids à la maturité diffèrent selon la zone géographique. En Méditerranée, il est adulte à l’âge de 4 ans (soit 30 kg pour une longueur de 120 cm environ) alors qu’il lui faut 9 ans en Atlantique Ouest (soit 150 kg pour 190 cm environ).

Le thon rouge est de plus en plus observé au large des îles britanniques comme ici dans la Manche © John Ovenden, photographer

"Petit" ou "gros" ?

Dans notre mémoire collective, la taille et le poids que peuvent atteindre certaines espèces animales (crocodiles, requins, gros poissons comme les morues ou les flétans) ont disparu. En une ou deux générations à peine, on a chassé, pêché, éliminé les gros individus. Ce que l’on considère aujourd’hui comme de « gros » spécimens, ne sont en fait que des « petits » ou des « moyens » ! Le thon rouge de l’Atlantique n’échappe pas à cette règle. Un poisson de 30 kg – un poids déjà assez conséquent – n’est qu’un « bébé » par rapport aux gros individus de plusieurs centaines de kilos !

Silhouettes thons et humain
Un thon de 30 kilos n’est qu’un « bébé » par rapport aux gros individus de plusieurs centaines de kilos !

On dit "Thon Rouge",

mais de quelle espèce parle-t-on ?
Image thon rouge Stéphane Le Gallais
Un thon rouge de grande taille observé au large de la Corse (© Stéphan Le Gallais – Photographies sous-marines)

Thon rouge dE L'atlantique

Le thon rouge de l’Atlantique (Thunnus thynnus) vit dans l’Océan Atlantique, en Méditerranée et en mer Noire. Il se déplace en bancs et effectue d’importantes migrations pour se nourrir et se reproduire. Evoluant plutôt dans les eaux de surface, il peut plonger profondément, jusqu’à 1000 m de profondeur. Ce prédateur vorace et rapide (il est capable de pointe de vitesse de plus de 100 km par heure) se nourrit de poissons, de calamars et de crustacés pélagiques (vivant en pleine eau). Poisson des records, il peut vivre jusqu’à 40 ans ou plus, atteindre 3 m de longueur et peser 600 kg ! Situé au sommet de la chaîne alimentaire marine, ses prédateurs sont l’orque, le grand requin blanc .. et l’Homme !

Madrague Thon - Roi Dom Carlos Ier
Reproduction d’époque d’une œuvre au pastel réalisée par le Roi Dom Carlos Ier, Roi du Portugal (1899), intitulée « Le lever des filets d’une Madrague (Algarve)» (O levantar de uma armação do atum, Algarve), offerte à l'empereur Guillaume II d'Allemagne. Collections de l’Institut océanographique (©Michel Dagnino)

Répartition géographique du thon rouge

Cette carte montre la distribution spatiale du thon rouge de l’Atlantique : en bleu son aire de répartition, en jaune les zones de ponte connues. Les flèches noires indiquent les principales routes migratoires (Figure adaptée de Fromentin et Powers – 2005) © Ifremer.

Voir le fichier source dans son contexte

Fromentinetal
Le cycle de vie du thon rouge de l’Atlantique

LE SAVIEZ-VOUS ?

Le thon rouge est l’un des rares poissons capable d’endothermie : il adapte sa température corporelle à son environnement et peut ainsi évoluer dans les eaux froides (où il se nourrit) ou chaudes (où il se reproduit), soit de 3 à 30°C !
thons Monaco
Lancés à pleine vitesse, les thons rouges sont capables de faire des bonds
spectaculaires hors de l’eau. Images prises au large de la Principauté (© Patrice Garziglia)

Le Mérou brun

Symbole d'une conservation exemplaire

de retour SUR NOS CôtES après 30 ANS D'EFFORTs

Icône pour bien des plongeurs sous-marins, à la fois pour sa taille (c’est l’un des plus gros poissons osseux de la Méditerranée) et sa rareté, le mérou brun Epinephelus marginatus avait quasiment disparu après des décennies de surpêche et de braconnage. Grâce à des mesures de protection fortes, il revient en force dans les eaux de la Méditerranée française et monégasque, notamment dans les zones protégées, faisant admirer au randonneur sous-marin son comportement unique et majestueux. L’observer en plongée est un moment privilégié, magique, un souvenir que l’on garde longtemps en tête ! Le retour du mérou n’est pas le fruit du hasard mais le résultat de 30 ans d’efforts, un exemple qui doit nous inspirer pour mieux protéger les espèces en danger de la Méditerranée ! Explications…

Mâle ou femelle ? Les deux ! Un peu de biologie...

Enzo le petit mérou brun de Méditerranée relaché
Un jeune mérou brun sous son rocher. Crédit : Nicolas Robert.

Le mérou brun vit entre la surface et 50 à 200m de profondeur, aussi bien dans l’océan Atlantique (des côtes marocaines à la Bretagne) que dans toute la Méditerranée. Il est aussi présent au large du Brésil et de l’Afrique du Sud, mais les chercheurs se demandent s’il s’agit d’une population homogène ou de sous-populations distinctes. Le mystère reste aujourd’hui entier ! 

Il apprécie les habitats rocheux côtiers riches en anfractuosités et cavités. Les juvéniles, plus littoraux, sont parfois observés dans quelques centimètres d’eau. Sa taille varie de 80 cm à 1 m voire 1,5 m pour les plus grands individus.

Le mérou change de sexe durant sa vie : « Hermaphrodite protogyne », il est d’abord femelle puis devient mâle lorsqu’il atteint 60 à 70 cm, à l’âge de 10 à 14 ans.

Régulateur et indicateur de l’état du milieu marin

Super-prédateur situé en haut de la chaîne alimentaire, le mérou chasse ses proies (céphalopodes, crustacés, poissons) à des niveaux trophiques inférieurs, jouant ainsi le rôle de régulateur et contribuant à l’équilibre de l’écosystème. Il est aussi un indicateur de la qualité du milieu. L’abondance de mérous traduit le bon état de la chaîne alimentaire qui le précède, la présence d’une nourriture riche et l’expression d’une pression de braconnage et de pêche modérée. Du fait de sa valeur commerciale très élevée, le mérou brun reste très recherché par les pêcheurs et les chasseurs sous-marins dans toute sa zone de distribution. Ses effectifs étant en fort déclin, il est classé par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature dans la catégorie des espèces vulnérables.

Le saviez-vous ?

8 espèces de mérous sont présentes en Méditerranée. Parmi les 6 espèces observées à Monaco, le mérou brun Epinephelus marginatus est le plus fréquent, puis vient l’impressionnant cernier, encore appelé mérou d’épave Polyprion americanus. Le mérou canin Epinephelus caninus, la badèche Epinephelus costae, le mérou blanc Epinephelus aeneus, le mérou royal Mycteroperca rubra sont beaucoup plus discrets.

Mycteroperca rubra
Un groupe du rare mérou royal Mycteroperca rubra dans la Réserve Naturelle de Scandola. Crédit : Jean-Marie Dominici.
Cernier-Polyprion americanus (Y.Berard)
Le cernier ou mérou d’épave Polyprion americanus.
Le Mérou bardèche
Un mérou badèche

Le Mérou en images

La protection du mérou, ca marche !

La raréfaction de ce poisson a conduit la France et la Principauté de Monaco à adopter, dans le cadre des conventions internationales (Berne, Barcelone), des mesures de protection fortes. Le moratoire instauré en France continentale et en Corse depuis 1993 interdit la chasse sous-marine et la pêche à l’hameçon. Les études de terrain montrent l’efficacité de ces mesures de protection : de jeunes mérous sont maintenant présents sur toutes les côtes, dans les réserves marines les populations se sont reconstituées. Mais ce retour reste très fragile. Le moratoire doit être examiné tous les 10 ans. L’avenir du mérou se jouera donc en 2023. Si la chasse devait de nouveau être autorisée, plus de 30 ans d’efforts pourraient être balayés en quelques semaines !

Mérou brun M.Dagnino
Un mérou brun femelle, à l’entrée de son refuge sur un tombant coralligène.

A Monaco, l’Ordonnance Souveraine de 1993, renforcée par l’ordonnance de 2011 interdit toute pêche et assure la protection du mérou brun ainsi que du corb, une autre espèce vulnérable. Grâce à cette protection spécifique, à la Réserve du Larvotto ainsi qu’à la présence d’habitats très propices et d’une nourriture foisonnante, le mérou brun abonde de nouveau dans les eaux de la Principauté de Monaco, notamment au pied du Musée océanographique.

Le saviez-vous ?

Pourquoi trouve-t-on encore des mérous bruns sur les étals des poissonniers ? Tout simplement parce que l’usage du filet, pour les capturer, reste autorisé. Des spécimens importés de zones non soumises à réglementation peuvent aussi être proposés à la vente. A nous consommateurs d’éviter d’acheter les espèces menacées !

La Principauté aux petits soins pour les mérous​

Depuis 1993, sous le contrôle de la Direction de l’Environnement, l’Association Monégasque pour la Protection de la Nature, assistée du Groupe d’Etude du Mérou, réalise un inventaire régulier des mérous dans les eaux monégasques, de la surface à 40 m de profondeur, auquel s’associe naturellement les plongeurs du Musée océanographique. D’année en année, les effectifs observés progressent (15 individus en 1993, 12 en 1998, 83 en 2006, 105 en 2009, 75 en 2012). Les grands spécimens de 1.40 m sont maintenant nombreux et des juvéniles de toutes tailles sont observés sur les petits fonds.

Plongeur
L’inventaire des mérous se fait en petites groupes d’apnéistes ou de plongeurs.

LE MUSÉE OCÉANOGRAPHIQUE SE MOUILLE aussi...

Le Musée vient aussi à la rescousse des spécimens en difficulté que lui confient pêcheurs ou plongeurs, comme cela a été le cas fin 2018, avec plusieurs individus atteints d’une infection virale, déjà observée par le passé à plusieurs reprises en Méditerranée en Crète, Lybie, Malte, et Corse. Avec le Centre Monégasque de Soins des Espèces Marines créé en 2019 pour soigner les tortues et les autres espèces, ces intervention sont aujourd’hui facilitées. Les mérous soignés regagnent la mer être au sein des zones protégées comme la Réserve sous-marine du Larvotto. Retrouvez la vidéo du lâcher du jeune mérou « Enzo ».

Enzo le petit mérou brun de Méditerranée relaché
L’équipe au complet avant le lâcher d’un mérou, un moment propice à la sensibilisation des usagers de la mer sur le statut de cette espèce vulnérable.
Enzo le petit mérou brun de Méditerranée relaché
Le directeur général de l’Institut océanographique, Robert Calcagno, rend sa liberté à un jeune mérou, sous l’œil du caméraman Frédéric Pacorel.

LE MEROU, STAR DE TOUJOURS à L'AQUARIUM

Nombreux sont les visiteurs à découvrir cette espèce patrimoniale au Musée océanographique. Cela ne date pas d’hier, puisque l’Aquarium, alors dirigé par le Docteur Miroslav Oxner en présentait déjà en 1920 ! L’un deux, aujourd’hui conservé dans les collections du Musée, y a vécu plus de 29 ans. 4 espèces différentes (badèche, mérou brun, blanc et royal) sont aujourd’hui visibles dans la partie dédiée à la Méditerranée totalement rénovée.
Si le mérou intrigue les visiteurs, il inspire également les artistes ! De nombreux objets à son effigie, œuvres d’art ou objets manufacturés, trônent dans les collections de l’Institut océanographique !
En 2010, un mérou du Musée servit de modèle à la réalisation du billet de banque de 100 Reais émis par la Banque Centrale du Brésil, toujours en circulation aujourd’hui, et la Principauté lui a même consacré un timbre-poste en 2018 !

aquarelle réalisée par Paul Seguin-Bertault
Une aquarelle réalisée par Paul Seguin-Bertault (circa 1947) appartenant aux Collections de l’Institut océanographique.
Brasil Billet 100 reais
Billet de 100 Reais de la Banque Centrale du Brésil (courtoisie de M. Marcia Barbosa Silveira).
roussettes mérou barba
Ancienne carte postale du Musée océanographique montrant un bassin à mérou

Un atout de l’économie bleue, du tourisme et de la pêche...

Les touristes plongeurs viennent de loin pour observer la faune sous-marine et une plongée « réussie » est souvent celle durant laquelle le mérou brun a été observé ! Plusieurs études montrent qu’un mérou vivant rapporte, durant son existence, infiniment plus d’argent que s’il est capturé pour être consommé !
Le mérou brun s’épanouit particulièrement dans les aires marines protégées (AMP) qui, gérées de manière effective, procurent d’importants bénéfices en matière de conservation de la biodiversité et de développement économique. En protégeant et en restaurant les habitats critiques (voies de migration, refuges contre les prédateurs, frayères, zones de croissance), les AMP concourent à la survie des espèces sensibles comme le mérou brun. Les adultes et les larves de différentes espèces vivant au sein d’une AMP peuvent aussi la quitter et coloniser d’autres zones, c’est le Spillover. Quand les œufs et les larves produits dans l’AMP dérivent en dehors, on parle de Dispersal. Les espèces à haute valeur marchande (mérou brun, langouste, corail rouge) parcourent ainsi des distances considérables, procurant des bénéfices écologiques et économiques dans des zones éloignées ! Les mérous bruns adultes s’écartent d’un kilomètre hors des limites de l’AMP. Les larves, quant à elles, parcourent plusieurs centaines de killomètres !

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Récifs coralliens : des solutions pour aujourd’hui et pour demain

Sauver les récifs de coraux

À l’occasion de la 3e année internationale des récifs coralliens (IYOR2018), l’Institut océanographique de Monaco a coorganisé un colloque à la Maison de l’Océan, à Paris. Celui-ci portait sur les dernières connaissances et recherches menées sur ces milieux ainsi que sur les solutions pour tenter d’enrayer leur déclin.

Ce colloque, qui s’est déroulé le 20 juin 2018, a été organisé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), l’Institut océanographique de Monaco, le CRIOBE, la Plateforme Océan et Climat (POC) et l’Initiative Française pour les Récifs Coralliens (IFRECOR).

État des lieux, pressions et menaces

Il avait pour objectif préalable de faire le point sur les services rendus par les coraux et leurs écosystèmes, leur état de santé et les menaces auxquelles ils sont confrontés. Il s’est ensuite poursuivi avec deux tables rondes rassemblant scientifiques, gestionnaires et acteurs de la société civile autour de deux grands thèmes. D’une part, comment mobiliser et adapter la gouvernance pour mettre en place de nouveaux outils en faveur d’une meilleure protection des espaces et des espèces. D’autre part, échanger sur les dernières connaissances scientifiques concernant le fonctionnement des récifs coralliens et les solutions de gestion innovantes pour les développer à plus grandes échelles.

Corail
Corail Cerveau

L’affaire de tous ?

De nouveaux outils sont nécessaires pour mieux protéger espaces et espèces, et limiter les pressions anthropiques. Pour être efficace, la protection des récifs ne saurait être le fruit d’une approche unilatérale et il convient d’impliquer le plus grand nombre d’acteurs et de secteurs dans la protection et les choix de gouvernance. Quelles perception les communautés locales ont-elles des services rendus par les récifs coralliens ? De la place qu’ils occupent dans leur vie quotidienne ? Sur cette base, comment les mobiliser et les impliquer plus largement dans la prise de décision ? Quels outils financiers développer pour garantir la viabilité et la pérennité des politiques de conservation et de protection ?

Organisons la lutte

Les pressions et menaces qui pèsent sur les récifs coralliens sont telles que c’est leur maintien sur le globe qui est en jeu. Malgré tout, il est encore temps d’agir. Les avancées de la science ont mis en évidence des mécanismes d’adaptation jusqu’alors inconnus chez certaines souches coralliennes, et divers acteurs se saisissent de ces résultats et se mobilisent pour assurer la pérennité des récifs.

Tortue

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couverture du livre sur les méduses - Institut océanographique

Éditions

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L’Océan en questions

Les méduses, ces nouveaux seigneurs des mers

La gélification des océans, mythe ou réalité ?

De plus en plus nombreuses dans l’océan mondial, les méduses, animal à la fois fragile et redoutable, pourraient s’imposer face aux poissons et menacer sérieusement les équilibres marins déjà malmenés. Robert Calcagno, directeur général de l’Institut océanographique, et Jacqueline Goy, attachée scientifique à l’Institut océanographique, décryptent cet inquiétant phénomène lors d’une conférence donnée le 14 mai 2014 à la Maison des océans à Paris. Nassera Zaïd nous en fait le compte-rendu. 

Que savons-nous vraiment des méduses ?

Souvent associée à la douleur de leurs piqûres, les méduses sont des « organismes gélatineux qui fascinent depuis toujours le public et les scientifiques », introduit Robert Calcagno. Près de 1 000 espèces ont été identifiées, dont la Pelagia noctiluca, très présente en Méditerranée. 

Les  formes des méduses sont variées et leur taille va de quelques millimètres à plus de deux mètres de diamètre. 98% d’eau compose leur organisme, formé d’une partie bombée (l’ombrelle), où se situent la bouche et les organes de reproduction (ou gonades), que l’on peut observer par transparence. 

Tout autour, une série de tentacules dotés de cellules urticantes sert à harponner les proies. Leur piqûre est paralysante, voire mortelle comme pour la méduse Chironex fleckeri qui vit le long des côtes australiennes.

Photo Méduses

Les méduses, un instinct de prédateur ?

« Les méduses mangent en permanence pour se reproduire », explique Jacqueline Goy, qui étudie les cnidaires depuis trente ans. 

Fécondé dans l’eau, chaque œuf produit une larve, la planula, qui va se fixer sur le fond et développer un polype qui lui-même va se multiplier par bourgeonnement pour donner naissance à une colonie de méduses. 

Chasser est une nécessité, d’où son instinct de prédateur. Malgré cela, « les méduses sont des animaux très fragiles. C’est un animal qui n’est pas protégé. Il n’a pas de carapace, ni de coquille comme les mollusques, ni de test comme les oursins ». Une morphologie particulière qui fait penser, « à une goutte d’eau dans la mer, se promenant au gré des courants », décrit la spécialiste. 

Pourtant cette vulnérabilité physique n’écarte pas le danger redouté par les scientifiques : sa reproduction en masse.

Méduse Pélagie Pelagia noctiluca
Pelagia noctiluca, très répandue en Méditerranée mais que l’on trouve aussi sur les côtes atlantiques © Michel Dagnino – Institut océanographique.

Chronique d'une invasion annoncée ?

« Les méduses sont actuellement en train de prendre le pas sur tous les autres organismes marins et de devenir prépondérantes dans les mers », constate Jacqueline Goy.

Une prolifération croissante qui depuis plusieurs années prend des allures de colonisation incontrôlable. 

« Auparavant, il y avait des cycles de pullulation tous les douze ans, explique Robert Calcagno. On parlait même “d’année à méduses”. Mais depuis les années 1980, et surtout depuis les années 2000, toutes les années sont des années à méduses. On pourrait même dire : il n’y a plus d’années sans méduse ». 

C’est principalement l’impact des activités humaines sur les océans qui expliquerait ce changement. Avant tout, la surpêche. « En capturant des tonnes de poissons (80 millions sont pêchés chaque année), les chalutiers éradiquent un certain nombre de prédateurs pour les méduses, tels les thons, les tortues, les poissons-lunes … Ils suppriment aussi leurs concurrents, les petits poissons, les anchois ou les sardines qui se nourrissent du même zooplancton. »

Méduse aequora M. Dagnino
Pullulation d’Aequorea © Michel Dagnino – Institut océanographique

Les activités humaines, causes de cette pullulation ?

« Les méduses sont actuellement en train de prendre le pas sur tous les autres organismes marins et de devenir prépondérantes dans les mers », constate Jacqueline Goy.

Une prolifération croissante qui depuis plusieurs années prend des allures de colonisation incontrôlable. 

« Auparavant, il y avait des cycles de pullulation tous les douze ans, explique Robert Calcagno. On parlait même “d’année à méduses”. Mais depuis les années 1980, et surtout depuis les années 2000, toutes les années sont des années à méduses. On pourrait même dire : il n’y a plus d’années sans méduse ». 

C’est principalement l’impact des activités humaines sur les océans qui expliquerait ce changement. Avant tout, la surpêche. « En capturant des tonnes de poissons (80 millions sont pêchés chaque année), les chalutiers éradiquent un certain nombre de prédateurs pour les méduses, tels les thons, les tortues, les poissons-lunes … Ils suppriment aussi leurs concurrents, les petits poissons, les anchois ou les sardines qui se nourrissent du même zooplancton. »

Tout va bien pour la méduse
Les activités humaines sont favorables aux populations de méduses © Caroline Pascal - Institut océanographique

Des dommages irréversibles pour les océans ?

« Les méduses sont finalement redoutables, conclut Robert Calcagno. Il suffit pour le comprendre de regarder les statistiques et de constater que, chaque année, plus de cinquante personnes décèdent à la suite de piqûres de méduses contre dix pour les attaques de requins. Mais personne n’en parle tellement. » Et leur impact ne se limite pas aux brûlures. Une autre victime de la méduse est l’économie. 

« Les pullulations ont déjà mis des bateaux en difficulté comme cela s’est produit, raconte Robert Calcagno, pour un chalutier japonais qui a chaviré sur une mer parfaitement calme à cause du poids des amas de méduses pris dans son filet.». 

Les entreprises d’aquaculture sont aussi victimes de ces agglomérats de cnidaires qui viennent se nourrir des alevins et anéantissent ainsi les élevages. La Namibie, réputée autrefois pour la qualité de sa pêche, a vu ses réserves halieutiques disparaître à cause de la surpêche au profit des méduses. Alors quelles solutions s’offrent à nous ?

Le danger n'est pas forcément où l'on croit
Même si les statistiques sur les mortalités par les méduses sont moins bien renseignées que pour les requins , Les méduses provoquent plus de décès humains. © Caroline Pascal - Institut océanographique.

Comment remédier à l'invasion des méduses ?

Plusieurs inventions ont vu le jour, même les plus invraisemblables, comme « le robot destructeur de méduses » qui, une fois plongé dans l’eau, détecte et broie les animaux avec une hélice. « Le remède est pourtant pire que le mal, s’étonne Jacqueline Goy, puisqu’en les découpant ainsi, les cellules de reproduction se libèrent et se multiplient».

Autre solution expérimentée, un filet de protection pour les plages. Son coût élevé rend toutefois sa généralisation difficile sur nos côtes. 

La prévention par modélisation pour alerter le public de l’avancée des méduses, organisée par l’Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer sous forme de Météo-méduses, peut juste aider à mieux s’en protéger. 

Dernière option : les manger. « Notons toutefois que seule une douzaine d’espèces sur 1 000 sont comestibles, précise Jacqueline Goy. La haute teneur en eau des méduses n’en fait pas, de surcroît, un aliment très nutritif ».

« Une fois que les méduses sont installées, c’est déjà trop tard, regrette Robert Calcagno. Il faut rétablir l’équilibre des océans, comme il y a 50 ans. » Comment ? En contrôlant et favorisant la pêche raisonnée, en développant les transports maritimes propres et les stations d’épuration, et en recyclant l’eau chaude rejetée par les centrales nucléaires pour chauffer des serres par exemple. »

Filet anti-méduses ©M.Dagnino
Filet pour protéger les baigneurs des méduses sur une plage monégasque. © Michel Dagnino – Institut océanographique
Cartographie des méduses en région PACA
Réseau d'observation de la prolifération des méduses en région PACA © meduse.acri.fr

Programme Méduses : les conférences de l'Institut océanographique

Méduses, ces nouveaux seigneurs des mers
Robert Calcagno et Jacqueline Goy
14 mai 2014 - Maison des Océans Paris

Médazur : météo Méduses en Méditerranée
Gabriel Gorsky
11 juin 2014 - Maison des océans - Paris

Voir aussi

L'origine du nom des méduses

Les méduses vues à travers l'Histoire naturelle

Proliférant aujourd’hui dans nos océans à cause des activités humaines, les méduses ont traversé les âges. Connues et décrites depuis Aristote, elles ont surtout été nommées au XIXe siècle par le naturaliste François Péron. Jacqueline Goy retrace leur histoire à travers l’histoire.

Aristote, Pline l’Ancien et les méduses, quel lien?

Dans l’Antiquité, Aristote s’intéresse à elles et parmi la centaine d’animaux marins qu’il décrit, il les appelle cnide, ce qui signifie qui pique, en précisant qu’elles se déplacent çà et là sur l’eau. En hommage à Aristote, les naturalistes du XXe siècle ont créé le phylum des cnidaires pour classer méduses, coraux, anémones de mer… qui tous piquent. Quatre siècles plus tard, Pline l’Ancien observe les mouvements des méduses qui lui rappellent les contractions et les dilatations de la respiration et il les nomme Pulmo marina, le poumon marin.

Meduse
C’est en observant l'étendue de la laisse de mer sur les côtes du Poitou, pleine de méduses rhizostomes, qu’Antoine de Réaumur, physicien et naturaliste français, introduisit le terme de "la gelée de mer" en 1710

La cinquième espèce d'ortie

Méduse Rondelet page 383
Cinquième espèce d’ortie, page 383 de L’Histoire entière des Poissons de Guillaume Rondelet, réédition du CTHS, 2002.

Au Moyen-Âge, le bestiaire marin est surtout peuplé de monstres, de chimères et de sirènes d’autant que cette période s’intéresse plus à la théologie qu’à l’étude de la nature. 

Il faut attendre Guillaume Rondelet et son ouvrage l’Histoire entière des poissons paru en 1554, dans lequel il décrit une série d’animaux urticants nommés « orties de mer ». La cinquième espèce est la méduse Rhizostoma pulmo, qui connaît un sort fabuleux, disposée en couronne, dans le tableau l’Allégorie de l’eau peint par Giuseppe Arcimboldo en 1566.

Le grand tournant de la connaissance de la zoologie c’est évidemment Carl Linné. Il propose une classification du monde vivant, tant végétal qu’animal, dans son Systema naturae, texte fondateur, et dans la quatrième édition de 1744, il introduit le nom de méduse par comparaison avec le visage de la Gorgone.

Arcimboldo Allegorie de l'eau
Allégorie de l’eau de Giuseppe Arcimboldo, original au Kunsthistorisches Museum de Vienne, huile sur bois, 1566.
La méduse Cassiopea est dédiée à Cassiopée, la mère d’Andromède dans le mythologie grecque

AU XIXe SIÈCLE, LES MÉDUSES ACQUIÈRENT DES NOMS ANTIQUES

Jean-Baptiste de Lamarck, alors professeur au Muséum national d’Histoire naturelle dès sa création en 1793, suppose l’origine de la vie « dans les masses gélatineuses dispersées dans le grand océan ». Et les masses gélatineuses pourraient bien être les méduses. 

C’est la raison pour laquelle un jeune naturaliste, François Péron, s’empare du sujet pour en faire une monumentale étude. D’après Albert Soboul, historien spécialiste de la Révolution française, la mode révolutionnaire introduit une majorité de héros de l’Antiquité dans les prénoms et elle s’abat aussi sur les méduses ! 

Péron n’hésite pas à donner les noms des dieux et des déesses à ses espèces. Il y a ainsi des Cephea, des Cassiopea, des Persa, des Chrysaora, des Geryonia et d’autres encore, toutes dédiées aux personnages qui gravitent autour du mythe de Méduse, noms toujours en vigueur.

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couverture du livre sur les méduses - Institut océanographique

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Albert Ier sur passerelle - Institut Océanographique de Monaco

Les grandes figures

Méduses : le livre

Méduses, à la conquête des océans

Jacqueline Goy, océanographe-biologiste spécialisée dans l’étude des méduses, et Robert Calcagno, directeur de l’Institut océanographique de Monaco, cosignent le livre « Méduses, à la conquête des océans » édité en 2014. Très documenté et largement illustré, cet ouvrage nous aide à mieux connaître ces organismes, à la fois redoutés et fascinants, et à comprendre comment le changement climatique favorise leur expansion.

Si la connaissance des méduses a heureusement progressé récemment, mon inquiétude face à l’épuisement des océans aussi. Car il est certain que les méduses apparaissent comme les seules espèces qui prospèrent dans tout l’océan et tirent parti de tous nos excès. […] Elles nous montrent clairement une voie que nous ne voulons pas suivre, mais sur laquelle nous nous laissons entraîner par notre appétit à court terme. Nous avons jusqu’ici associé mer et liberté, laisser-faire. Nous avons pris nos aises avec les océans comme avec notre environnement en général.

Et si les océans étaient en train de se « gélifier » ?

Les méduses prospèrent. Gracieuses et d’apparence si fragiles, elles s’adaptent redoutablement aux pollutions marines, profitent des excès de la pêche et conquièrent peu à peu nos mers. La gélification des océans est-elle inéluctable ? Jusqu’où iront les méduses ? 

Au travers du livre-documentaire « Méduses : à la conquête des océans », l’Institut océanographique met en perspective la dégradation de la santé des océans et la pullulation des méduses. Une piqûre de rappel sur les risques d’une surexploitation irréfléchie et déraisonnée du milieu marin. 

Les méduses, sentinelles, nous alertent notamment sur la qualité des eaux. Ce livre interroge ainsi la relation de l’homme à la mer, au milieu naturel et aux équilibres fragiles qu’il est vital de conserver.

Illustration Méduses
Jules Verne, Vingt Mille Lieues sous les mers, Illustrations de Neuville et Riou, Hetzel s.d. Collection privée.
Tout va bien pour la méduse
Les activités humaines sont favorables aux populations de méduses © Caroline Pascal - Institut océanographique

Les méduses auraient-elles des pouvoirs insoupçonnés ?

L’apparente fragilité de ces organismes cache une redoutable efficacité. D’apparence primitive, ils se laissent porter par les courants et vont en fait à l’essentiel : se nourrir et se reproduire. Leur efficacité et leur robustesse sont cependant exceptionnelles. 

Leur cycle de vie est étonnant, entre mise en sommeil et reproduction massive, allant jusqu’au rajeunissement quand le besoin s’en fait sentir. Les méduses détiennent la clé de l’immortalité. Elles ont aussi une exceptionnelle capacité d’adaptation. Elles se sont adaptées à tous les océans, jusqu’à l’eau douce. 

Aujourd’hui, elles résistent sans mal à nos excès, lorsque nous polluons les océans, avec nos nitrates, nos médicaments ou nos déchets plastiques… Après avoir profité de l’essor du transport maritime pour conquérir de nouveaux espaces, elles n’attendent plus que le changement climatique pour lancer leur prochaine offensive.

Homme et méduses, amis ou ennemis ?

Les méduses peuvent provoquer jusqu’à la paralysie de nos activités. Sur les plages européennes, les méduses sont le cauchemar des vacanciers. À l’autre bout du monde, leurs piqûres peuvent être mortelles. Et elles s’attaquent aussi à la pêche, à l’aquaculture, jusqu’aux centrales nucléaires qu’elles étouffent ! 

Pourtant, l’homme est le principal allié des méduses : la surpêche les débarrasse de leurs prédateurs et concurrents ; les pollutions diverses les nourrissent ou renforcent d’avantage leur robustesse. En leur offrant ainsi les océans, il leurs permettent de jouir d’un nouvel âge d’or.

Carte du monde Méduses
Les activités humaines impactées par la présence des méduses dans le monde ces dernières années, de manière permanente ou accidentelle. © Caroline Pascal - Institut océanographique
couverture du livre sur les méduses - Institut océanographique
Méduses : à la conquête des océans © Editions du Rocher. 2014

Découvrir les méduses avec l’Institut océanographique

Malgré leur simplicité, les méduses peuvent aussi nous rendre quelques services et ont déjà suscité deux prix Nobel. Peut-être un jour partageront-elles le secret de l’immortalité ? La science part à l’assaut de leurs secrets. 

Les méduses sont ainsi au cœur d’un programme complet porté par l’Institut océanographique de Monaco. Les aquariums du Musée océanographique proposent une vraie rencontre avec les méduses (aurélies, cassiopées…).

En outre, des conférences et des expositions temporaires ont été organisées en 2014 sur le thème « Les nouveaux seigneurs des océans : Requins ou bien Méduses ? », tant à la Maison de l’Océan, à Paris, qu’au Musée océanographique, à Monaco. 

L’ouvrage « Méduses : à la conquête des océans » vient approfondir ce programme. Il est édité par les Éditions du Rocher et disponible au prix de 19,90€.

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