Les Pôles: L'arctiQUE ET L'ANTARTIQUE

Les pôles : que sait-on de ces faux jumeaux ?

Pôle Nord et pôle Sud sont les vigies blanches et glacées de la Terre. Distants de quelque 20 000 km, ils partagent la neige, la glace et le froid… mais ne se ressemblent guère.

Leur nom est déjà un signal : Arctique trouve son origine dans le mot grec arktos, « l’ours », en référence aux constellations que sont la Grande et surtout la Petite Ourse où l’on trouve l’Étoile polaire. Antarctique, vient du mot grec antarktikos, autrement dit, à l’opposé de l’Arctique !

UN RÔLE CLEF SUR LE CLIMAT MONDIAL

Les pôles jouent un rôle essentiel sur le climat. De grands courants océaniques font le tour de la planète, se refroidissent et s’enfoncent dans les abysses au niveau des pôles, puis se réchauffent et remontent à la surface
à la hauteur des tropiques. Ces énormes masses d’eau, froides ou chaudes, qui se déplacent et échangent avec l’atmosphère, influent sur
le climat. Le réchauffement climatique qui accélère la fonte des glaces pourrait avoir des impacts majeurs sur ce grand « tapis roulant » qui conditionne la vie en beaucoup d’endroits de la planète.

OCÉAN NOURRICIER

À la fin de l’hiver, quand revient la lumière dans l’océan Austral, la vie reprend le dessus. L’explosion du phytoplancton permet de nourrir le zooplancton, essentiellement le krill,  une sorte de crevette. On peut compter de 10 000 à 30 000 individus par m3 d’eau :  une manne pour les albatros, les calmars, les manchots, les baleines… Même les satellites repèrent cette sublime effervescence aujourd’hui altérée par la pollution, le réchauffement climatique et la surpêche. C’est pourtant la base de toute la chaîne alimentaire de la mer dans cette région.

L’Arctique correspond à un océan principalement recouvert d’une banquise – de l’eau de mer gelée pouvant couvrir entre 5 et 15 millions de km², selon que l’on soit en été ou en hiver – entouré de terres. Une géographie qui est souvent comparée à celle de la Méditerranée. 

 

À l’inverse, l’Antarctique est un continent de  14 millions de km², soit 27 fois la taille de la France, recouvert d’une couche de glace dont l’épaisseur moyenne est de 2 000 m. Il est entouré de l’océan Austral. Cette calotte contient près de 80 % des réserves d’eau douce de la planète. 

Pôles Nord et Sud se différencient également par la vie qu’ils abritent. L’ours blanc est le maître du Grand Nord, accompagné par les phoques et les morses, quand les manchots règnent dans le Grand Sud. Mais des liens unissent les deux : grâce à de nombreux oiseaux migrateurs qui les relient dans des conditions souvent incroyables au regard de leur poids, ou encore aux baleines qui se croisent dans leur grande pérégrination vers l’équateur. À l’inverse, la flore, quant à elle, est abondante au printemps en Arctique et quasi inexistante en Antarctique, quelle que soit la période de l’année.

ARctique

Le réchauffement climatique bouleverse la vie des habitants de l’Arctique. Les quelques avantages que représentent la possibilité de cultiver des concombres et des fraises dans des fermes expérimentales du Sud du Groenland ou la migration de poissons tels que le thon qui remonte dans l’Atlantique Nord ne compensent pas les risques encourus par ailleurs. Risques de pollutions et de nuisances provoquées par la quête de nouvelles ressources minières, l’ouverture de routes maritimes, l’arrivée de touristes chaque année plus nombreux, la fonte du pergélisol (sol gelé), les incendies qui se multiplient, les grands troupeaux de rennes qui peinent à s’adapter… 

ANTARctique

Si personne n’habite sur cette terre particulièrement inhospitalière, elle présente aussi la particularité de n’appartenir à personne. Elle est gérée par un traité international. C’est une zone de paix, dédiée à la recherche scientifique. En 1956, la France a ouvert la voie avec la base Dumont d’Urville en terre Adélie. Aujourd’hui,  18 pays sont présents avec 44 bases scientifiques permanentes. Les chercheurs y coopèrent, hors des rivalités entre pays, pour étudier le changement climatique, le champ magnétique terrestre, la dérive des glaces… 

En Arctique : on y habite ?

• 4 millions d’habitants sur près de 8 millions de km2.

• 400 000 à 500 000 descendants des premiers occupants arrivés il y a 10 000 ans.

• 120 000 Inuits occupent le nord du Canada, l’Alaska, le Groenland et le nord-est de la Sibérie.

• 80 000 Samis vivent entre la Suède, la Norvège, la Finlande et une petite partie de l’ouest de la Russie.

• 300 000 Iakoutes sont installés en Sibérie.

• Une quarantaine d’autres communautés existent mais ne comptent parfois que quelques personnes (Nenets, Tchoutktches, Koriaks, Dolagnes, Evenks…).

Coup de chaud sur les pôles

De part et d’autre de la planète, les effets du réchauffement climatique, qui sont aujourd’hui clairement reconnus comme la conséquence des activités humaines, sont bien identifiés.

La diminution constante de la banquise arctique est particulièrement visible. Elle fond de plus en plus en été et se reconstitue de moins en moins en hiver. Aujourd’hui, sa superficie moyenne est de 13,45 millions de km², soit 1,24 million de moins qu’il y a dix ans, et elle est de plus en plus mince. En Antarctique, l’augmentation du débit de certains glaciers conduit également à une déperdition régulière de la masse de glace. Au printemps 2021, le détachement de l’Iceberg A-76, mesurant plus de 4000 km² (la taille du département des Alpes-Maritimes), a été très remarqué.
Les conséquences sont multiples et dévastatrices. Il y a tout d’abord un phénomène d’amplification du réchauffement : la banquise, du fait de sa blancheur, réfléchit les rayons du soleil. En fondant, elle laisse apparaître des zones d’eaux sombres qui absorbent ces rayons. L’eau alors se réchauffe, ce qui accroît la fonte de la glace de mer qui libère plus de masse d’eau… La boucle est bouclée.
Parallèlement, le dégel des terres, du fait du réchauffement de l’atmosphère, entraîne non seulement l’effondrement de certains terrains (des routes s’affaissent, des maisons s’enfoncent, des arbres se couchent), ce qui provoque également la libération de méthane dans l’atmosphère, un très puissant gaz à effet de serre.
La faune compte aussi parmi les victimes, que ce soit l’ours blanc dont l’habitat ne cesse de rétrécir en Arctique ou le manchot royal qui doit chercher sa nourriture toujours plus loin, en Antarctique.

Fonte de la calotte glaciaire et élévation du niveau de la mer. Plus l’atmosphère se réchauffe, plus la glace fond. Les glaciers se fracturent plus rapidement, libérant de nombreux icebergs. Cette arrivée d’eau douce fait monter le niveau de la mer. Le réchauffement de l’eau dû au réchauffement climatique engendre également une dilatation thermique, accentuant la montée du niveau de la mer.

Banquise – Une histoire naturelle et humaine, F. Genevois et A. Bidart. Editions Quae (2018)
Terre sauvage Spécial Pôles, n° 226, avril 2007

LES PÔLES, LA FIÈVRE MONTE !

Au pôle Nord, le thermomètre s’affole ! Il affiche en effet une hausse des températures qui est de deux à trois fois supérieure à celle constatée sur le reste de la Terre (1 °C depuis l’ère pré-industrielle). En 2020, l’augmentation a même été de 4 °C en Sibérie. L’Antarctique n’est pas épargné. Même s’il existe moins d’observations fournies en continu que pour l’Arctique, les relevés montrent pour la péninsule Antarctique (l’extrémité nord-ouest du continent) un réchauffement de presque 3 °C en 50 ans.

Des impacts bien au-delà des pôles

The Biggest Chill. W.S. Broecker. Natural History, 96 : pp.74-82 (1987) ;
www.ocean-climate.org ; www.storymaps.arcgis.com/stories/756bcae18d304a1eac140f19f4d5cb3d ; Science & Vie n°257, hors-série, décembre 2011, 9.94

Le réchauffement influence le fonctionnement des grands courants océaniques qui ont eux-mêmes un lien étroit avec le climat. Prenons l’exemple du Gulf Stream : son évolution aurait des conséquences importantes sur le climat tempéré d’une partie de l’Europe. Et que dire de l’élévation du niveau de la mer : la fonte des calottes glaciaires alimente cette hausse qui est actuellement de 3 à 4 mm par an et qui s’accélère au fil des décennies. Elle pourrait même s’emballer si les mesures pour stopper le réchauffement climatique se révélaient insuffisantes. Le GIEC (Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat) a calculé que la fonte des manteaux neigeux et des glaciers du Groenland pourrait conduire au mieux à une hausse de 60 cm et, au pire, à 1,10 mètre d’ici 2100.

Au nord de l’océan Austral, entre les grands courants marins qui passent au-dessus ou au-dessous, se trouvent des masses d’eau quasi-stagnantes entre 1 km et 2,5 km de profondeur. Une zone d’ombre, relativement isolée mais très riche en carbone. Toute la question est de savoir si elle va continuer à en accumuler ou au contraire à en relâcher dans les siècles à venir. Un enjeu crucial dans le contexte du changement climatique.

Océanographe pour le laboratoire LOCEAN
de l’Institut Pierre-Simon Laplace
Prix de Thèse 2018 de l’Institut océanographique

Dans l’océan Austral, des milliers de cyclones et d’anticyclones marins sont en interaction permanente et génèrent des fronts. Ces fronts de fine échelle (environ 10 km de largeur) ont une importance capitale : ils relient les eaux de surface aux profondeurs et permettent à l’atmosphère et à l’océan de communiquer. En particulier, ils induisent un transport de chaleur dirigé de l’intérieur de l’océan vers la surface. Ainsi l’océan ne ferait pas qu’absorber de la chaleur présente dans l’atmosphère, mais il relarguerait lui-même de la chaleur de ses profondeurs. Est-ce que cela pourrait altérer sa capacité de stockage ? Il apparaît en tous cas urgent de représenter cette physique de fine échelle dans les modèles de climat afin d’en avoir le cœur net.

Postdoctorante à la Scripps
Institution of Oceanography, University of California, San Diego, USA
Prix de Thèse 2021 de l’Institut océanographique

Les pôles ne sont plus des sanctuaires

Le réchauffement climatique n’est malheureusement pas la seule menace qui pèse sur les pôles. Certes, l’inhospitalité de l’Antarctique et les traités qui le gouvernent réfrènent pour l’heure les appétits des différentes puissances de la planète, mais il n’est pas pour autant complètement à l’abri des pollutions. Quant à la région arctique, beaucoup plus accessible, elle est soumise aujourd’hui à toutes sortes
de menaces. Petit passage en revue.


La pollution a gagné tous les recoins de la planète


Loin des grandes foules, longtemps on a cru les pôles épargnés par la pollution. Les premières analyses menées en Arctique ont révélé une réalité bien différente. Comme ailleurs sur Terre, les vents et courants océaniques transportent toutes sortes de substances polluantes. C’est ainsi que des polluants organiques (pesticides…), ou des métaux lourds (plomb, mercure, cadmium…) ont été retrouvés dans la chaîne alimentaire. Et par voie de conséquence dans celle des hommes. En 1970, des analyses effectuées auprès d’Inuits, grands consommateurs de viande de phoque, ont montré des traces de métaux lourds. Le plastique est l’autre plaie de ces contrées. Une étude publiée en 2018 révèle une quantité très importante de déchets plastiques pris dans les glaces de la banquise.

Les entreprises des secteurs pétroliers et miniers sont dans les starting-blocks


Des stocks de sources d’énergie fossile (pétrole et gaz) dorment au fond de l’océan Arctique. Ils représenteraient 18 % des ressources mondiales. À terre, le sous-sol recèle de grandes réserves de diamants, mais également de l’or, de l’argent, du plomb, du zinc… Autant de ressources qui attisent les convoitises et qui exacerbent les débats au sein des populations. En 2020, le Groenland a accordé deux concessions à des compagnies étrangères pour extraire de l’uranium et du fer, provoquant la colère des peuples autochtones.

Petit poisson deviendra-t-il grand ?

Après avoir épuisé les ressources dans les endroits les plus reculés de l’Océan, les entreprises de pêche industrielle vont-elles faire de même dans l’océan Arctique et l’océan Austral ? Au nord, la protection apportée par la banquise s’amenuise au fil de sa disparition. 

À l’autre bout, l’extrême sud de la Terre, l’océan Austral est déjà un lieu de pêche avec deux ressources phares : la légine, à forte valeur commerciale, et le krill utilisé pour nourrir les poissons en aquaculture et pour fabriquer des compléments alimentaires. 

Une pêche qui entre en concurrence directe avec les besoins des baleines, orques et autres cachalots et qui n’est pas sans conséquence non plus sur les oiseaux.

1 tonne

c’est la quantité de krill ingurgitée chaque jour par une baleine à fanons.

Krill (ici, krill antarctique), maillon clé des chaînes
alimentaires des zones froides

Fonte de la banquise :
une aubaine pour le transport maritime,
un désastre pour les écosystèmes

Après avoir épuisé les ressources dans les endroits les plus reculés de l’Océan, les entreprises de pêche industrielle vont-elles faire de même dans l’océan Arctique et l’océan Austral ?

 

Au nord, la protection apportée par la banquise s’amenuise au fil de sa disparition. À l’autre bout, l’extrême sud de la Terre, l’océan Austral est déjà un lieu de pêche avec deux ressources phares : la légine, à forte valeur commerciale, et le krill utilisé pour nourrir les poissons en aquaculture et pour fabriquer des compléments alimentaires.
Une  qui entre en concurrence directe avec les besoins des baleines, orques et autres cachalots et qui n’est pas sans conséquence non plus sur les oiseaux.

Cargo dans un chenal maritime gelé, Arctique

Les pôles, une nouvelle attraction touristique

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : alors que 5 000 touristes se sont rendus en Antarctique en 1990, aujourd’hui on en compte 80 000. 

Même engouement au Groenland avec une augmentation de la fréquentation de 10 % par an entre 2014 et 2017 pour atteindre le nombre de 85 000 visiteurs.

En Antarctique, des espèces invasives ont déjà été identifiées : des mouches, des étoiles de mer, des algues…

Touristes à Cuverville Island, Antarctique

Agir : c’est possible

Les océans polaires sont-ils deux Hercule aux pieds d’argile ? Tout ce qui fait leur puissance – action sur le climat, réserve de biodiversité, ressource halieutique – préfigure aussi leur fragilité. Les prochaines années seront donc cruciales : une exploitation débridée de cette nouvelle manne conduira, inévitablement, à des catastrophes majeures. Mais nombreux sont ceux qui travaillent à une utilisation durable de ces mers et de leurs ressources. Voici quelques exemples.

PROTÉGER LA PÊCHE EN ARCTIQUE
La banquise a longtemps agi comme un bouclier : elle abritait peu de poissons et interdisait toute intrusion aux bateaux de pêche.
Aujourd’hui, la donne est différente. Le réchauffement des eaux devrait les rendre plus poissonneuses : on estime à 800 le nombre d’espèces de poissons qui quittent les mers tempérées en quête d’eaux plus froides. Comment réfréner les convoitises ?

Après plusieurs années de négociation, les pays riverains de l’Arctique ont annoncé en 2017 un moratoire sur la pêche commerciale. Il interdit aux chalutiers d’intervenir dans un rayon de 200 km autour du pôle géographique, soit une surface égale à la Méditerranée. Le répit est de seize ans, de quoi laisser à la science le temps d’étudier la ressource et de poser les bases d’une pêche durable.

Naviguer sans polluer

Le fioul lourd représente des risques de pollution importants : marée noire bien sûr mais aussi pollutions liées aux émissions de particules de soufre et aux dépôts de suie sur la glace qui accélèrent la fonte. Bon marché et abondant, ce carburant a émergé dans les années 1960. En 2015, 80 % des navires l’utilisaient. 

Depuis 2011, il est interdit pour les navires qui circulent dans les eaux de l’Antarctique. Après une longue bataille soutenue par la Fondation Prince Albert II de Monaco, il le sera également en Arctique. Cette décision, entérinée par l’Organisation maritime internationale, sera effective en 2024.

Un tourisme sans impact existe-t-il ?

En 1991, l’Association internationale des voyagistes antarctiques voit le jour pour défendre un tourisme responsable. Sur la petite partie du continent qui est accessible, les débarquements de passagers sont encadrés, les vêtements doivent être nettoyés, il est interdit de déranger les animaux… Mais tous les voyagistes ne sont pas adhérents. 

Du côté de l’Arctique, certains organisateurs travaillent avec les peuples autochtones. La Principauté de Monaco quant à elle soutient le projet canadien « Students on ice ». Après une expédition sur le terrain, les jeunes participent à des projets de protection de ces zones.

Plusieurs voyagistes oeuvrent pour un tourisme plus durable, notamment à l’aide de bateaux hybrides et donc moins polluants. Certaines croisières allient tourisme et recherche en embarquant des scientifiques à bord. Les voyageurs, eux aussi, sont mus par un véritable intérêt pour les questions environnementales qui sont prises en considération dans leurs pratiques de voyage.

Les Aires Marines Protégées au chevet de l’Antarctique

À ce jour, deux aires marines protégées ont réussi à voir le jour dans le cadre de la Commission sur la conservation de la faune et la flore marines de l’Antarctique (CCAMLR). La première en 2009, sur le plateau sud des îles Orcades avec une surface de 96 000 km² est aussi la première aire marine internationale. La deuxième a été dessinée sept ans plus tard (2016) en mer de Ross, avec l’appui de S.A.S. le Prince Albert II de Monaco pour convaincre Ses pairs de sa nécessité. Elle couvre un peu plus de deux millions de km² au sein desquels se situent plusieurs zones d’études scientifiques.


Depuis, l’Union européenne, toujours avec le soutien très actif de la Principauté de Monaco, a proposé deux autres projets. L’un, présenté par la France et l’Australie, se situe dans l’est de l’océan Austral. Il se divise en trois zones (Mac. Robertson, Drygalski et la mer de Dumont d’Urville-Mertz) et couvre 950 000 km². Le deuxième en mer de Weddell permettrait de constituer un refuge de près de 2 millions de km² pour des espèces aussi emblématiques que les manchots, les baleines, les phoques ou le krill. Enfin, c’est encore pour protéger les zones d’alimentation des manchots que l’Argentine et le Chili portent de leur côté un projet de 650 000 km² dans la péninsule Antarctique.


Si les prochaines réunions de la CCAMLR permettent d’adopter ces trois nouvelles Aires Marines Protégées, cela correspondrait à protéger 1 % de plus de l’Océan mondial. L’Objectif onze de la convention d’Aichi sur la biodiversité (2010) fixe comme objectif la protection dans le monde d’au moins 10 % de l’Océan. En début d’année 2022, ce pourcentage était de près de 8 %*.
*Source : https://www.protectedplanet.net

Les pays tentent de coopérer

Côté Sud, le traité de l’Antarctique aujourd’hui ratifié par une cinquantaine de pays lui confère le statut de réserve naturelle. Les premières révisions ne pourront pas intervenir avant 2048, notamment pour le protocole de Madrid qui en découle et qui gère l’environnement. En outre, plusieurs garde-fous ont été mis en place, dont le vote à l’unanimité pour toute modification du texte.

Côté Nord, le Conseil de l’Arctique instauré en 1996 a permis d’établir des règles entre les États riverains. Six associations de peuples autochtones ont le statut de participants permanents, et plusieurs pays ainsi que des ONG ont un rôle d’observateurs. Mais au fur et à mesure que le changement climatique en facilite l’accès, les appétits des pays riverains s’aiguisent. La digue du Conseil de l’Arctique va-t-elle résister ?

Voir aussi

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L’Océan en questions

Mapping Buyle

Explorations de Monaco

Albert Ier sur passerelle - Institut Océanographique de Monaco

Les grandes figures

Programme Tortues marines

Mobilisation de l'Institut océanographique pour les tortues marines

En 2015, un vaste programme d’actions a été initié autour des tortues marines : mieux les connaître, contribuer à préserver leur habitat, faire évoluer notre relation à la mer ou encore les soigner, que de pistes que l’Institut océanographique a explorées pour sensibiliser le public et les décideurs à leur situation dans le monde.

Des expéditions qui font avancer la science

Dans la grande tradition des expéditions impulsée par le Prince Albert Ier de Monaco et poursuivie notamment par le Commandant Cousteau, l’Institut océanographique de Monaco a conduit des campagnes consacrées aux tortues : en 2015 en Corse et en 2016 aux Philippines, dans le Parc national de Tubbataha Reefs.

En 2017, S.A.S. le Prince Albert II de Monaco a lancé la Principauté dans un programme dédié à la connaissance des océans et à la médiation. Ce programme vise à prendre, par exemple en s’impliquant aux côtés d’acteurs locaux, comme au Cabo Verde en 2017 sur un programme de sensibilisation ou par la pose de balises en 2018, en Martinique, pour mieux connaître le comportement et les migrations des tortues.

Photos Prince Philippines
Rana
Rana après quelques années de soins appropriés © Institut océanographique

Les protégées du Musée océanographique

« Léon », « Lisa », « Hermance », « Igor », « Rana »… Chaque tortue reçoit un nom quand elle arrive au Musée océanographique. Elle y bénéficie de soins vétérinaires attentifs et, si nécessaire, d’actes médicaux : radiologie, chirurgie, réparation de la carapace… Ainsi soignées et nourries, les tortues marines, très résistantes, récupèrent vite. Leur retour en mer, souvent parrainé par une personne médiatique, est aussi l’occasion d’attirer l’attention des médias et des décideurs sur les dangers pesant sur la survie de ces animaux bien aimés du grand public et sur les enjeux de leur conservation en Méditerranée.

Développer des actions locales sur le terrain

Dans le cadre de ces programmes thématiques, l’Institut océanographique créée des liens et partenariats avec de nombreux acteurs de terrain.

Le programme Tortues marines a été l’occasion de se rapprocher de Te mana o te moana  qui gère l’Observatoire des tortues marines en Polynésie française.

LOGO obs tortues

Voir aussi

couverture du livre sur les méduses - Institut océanographique

Éditions

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L’Océan en questions

Albert Ier sur passerelle - Institut Océanographique de Monaco

Les grandes figures

Récifs coralliens : des solutions pour aujourd’hui et pour demain

Sauver les récifs de coraux

À l’occasion de la 3e année internationale des récifs coralliens (IYOR2018), l’Institut océanographique de Monaco a coorganisé un colloque à la Maison de l’Océan, à Paris. Celui-ci portait sur les dernières connaissances et recherches menées sur ces milieux ainsi que sur les solutions pour tenter d’enrayer leur déclin.

Ce colloque, qui s’est déroulé le 20 juin 2018, a été organisé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB), l’Institut océanographique de Monaco, le CRIOBE, la Plateforme Océan et Climat (POC) et l’Initiative Française pour les Récifs Coralliens (IFRECOR).

État des lieux, pressions et menaces

Il avait pour objectif préalable de faire le point sur les services rendus par les coraux et leurs écosystèmes, leur état de santé et les menaces auxquelles ils sont confrontés. Il s’est ensuite poursuivi avec deux tables rondes rassemblant scientifiques, gestionnaires et acteurs de la société civile autour de deux grands thèmes. D’une part, comment mobiliser et adapter la gouvernance pour mettre en place de nouveaux outils en faveur d’une meilleure protection des espaces et des espèces. D’autre part, échanger sur les dernières connaissances scientifiques concernant le fonctionnement des récifs coralliens et les solutions de gestion innovantes pour les développer à plus grandes échelles.

Corail
Corail Cerveau

L’affaire de tous ?

De nouveaux outils sont nécessaires pour mieux protéger espaces et espèces, et limiter les pressions anthropiques. Pour être efficace, la protection des récifs ne saurait être le fruit d’une approche unilatérale et il convient d’impliquer le plus grand nombre d’acteurs et de secteurs dans la protection et les choix de gouvernance. Quelles perception les communautés locales ont-elles des services rendus par les récifs coralliens ? De la place qu’ils occupent dans leur vie quotidienne ? Sur cette base, comment les mobiliser et les impliquer plus largement dans la prise de décision ? Quels outils financiers développer pour garantir la viabilité et la pérennité des politiques de conservation et de protection ?

Organisons la lutte

Les pressions et menaces qui pèsent sur les récifs coralliens sont telles que c’est leur maintien sur le globe qui est en jeu. Malgré tout, il est encore temps d’agir. Les avancées de la science ont mis en évidence des mécanismes d’adaptation jusqu’alors inconnus chez certaines souches coralliennes, et divers acteurs se saisissent de ces résultats et se mobilisent pour assurer la pérennité des récifs.

Tortue

Voir aussi

couverture du livre sur les méduses - Institut océanographique

Éditions

Mapping Buyle

Explorations de Monaco

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L’Océan en questions

Les méduses, ces nouveaux seigneurs des mers

La gélification des océans, mythe ou réalité ?

De plus en plus nombreuses dans l’océan mondial, les méduses, animal à la fois fragile et redoutable, pourraient s’imposer face aux poissons et menacer sérieusement les équilibres marins déjà malmenés. Robert Calcagno, directeur général de l’Institut océanographique, et Jacqueline Goy, attachée scientifique à l’Institut océanographique, décryptent cet inquiétant phénomène lors d’une conférence donnée le 14 mai 2014 à la Maison des océans à Paris. Nassera Zaïd nous en fait le compte-rendu. 

Que savons-nous vraiment des méduses ?

Souvent associée à la douleur de leurs piqûres, les méduses sont des « organismes gélatineux qui fascinent depuis toujours le public et les scientifiques », introduit Robert Calcagno. Près de 1 000 espèces ont été identifiées, dont la Pelagia noctiluca, très présente en Méditerranée. 

Les  formes des méduses sont variées et leur taille va de quelques millimètres à plus de deux mètres de diamètre. 98% d’eau compose leur organisme, formé d’une partie bombée (l’ombrelle), où se situent la bouche et les organes de reproduction (ou gonades), que l’on peut observer par transparence. 

Tout autour, une série de tentacules dotés de cellules urticantes sert à harponner les proies. Leur piqûre est paralysante, voire mortelle comme pour la méduse Chironex fleckeri qui vit le long des côtes australiennes.

Photo Méduses

Les méduses, un instinct de prédateur ?

« Les méduses mangent en permanence pour se reproduire », explique Jacqueline Goy, qui étudie les cnidaires depuis trente ans. 

Fécondé dans l’eau, chaque œuf produit une larve, la planula, qui va se fixer sur le fond et développer un polype qui lui-même va se multiplier par bourgeonnement pour donner naissance à une colonie de méduses. 

Chasser est une nécessité, d’où son instinct de prédateur. Malgré cela, « les méduses sont des animaux très fragiles. C’est un animal qui n’est pas protégé. Il n’a pas de carapace, ni de coquille comme les mollusques, ni de test comme les oursins ». Une morphologie particulière qui fait penser, « à une goutte d’eau dans la mer, se promenant au gré des courants », décrit la spécialiste. 

Pourtant cette vulnérabilité physique n’écarte pas le danger redouté par les scientifiques : sa reproduction en masse.

Méduse Pélagie Pelagia noctiluca
Pelagia noctiluca, très répandue en Méditerranée mais que l’on trouve aussi sur les côtes atlantiques © Michel Dagnino – Institut océanographique.

Chronique d'une invasion annoncée ?

« Les méduses sont actuellement en train de prendre le pas sur tous les autres organismes marins et de devenir prépondérantes dans les mers », constate Jacqueline Goy.

Une prolifération croissante qui depuis plusieurs années prend des allures de colonisation incontrôlable. 

« Auparavant, il y avait des cycles de pullulation tous les douze ans, explique Robert Calcagno. On parlait même “d’année à méduses”. Mais depuis les années 1980, et surtout depuis les années 2000, toutes les années sont des années à méduses. On pourrait même dire : il n’y a plus d’années sans méduse ». 

C’est principalement l’impact des activités humaines sur les océans qui expliquerait ce changement. Avant tout, la surpêche. « En capturant des tonnes de poissons (80 millions sont pêchés chaque année), les chalutiers éradiquent un certain nombre de prédateurs pour les méduses, tels les thons, les tortues, les poissons-lunes … Ils suppriment aussi leurs concurrents, les petits poissons, les anchois ou les sardines qui se nourrissent du même zooplancton. »

Méduse aequora M. Dagnino
Pullulation d’Aequorea © Michel Dagnino – Institut océanographique

Les activités humaines, causes de cette pullulation ?

« Les méduses sont actuellement en train de prendre le pas sur tous les autres organismes marins et de devenir prépondérantes dans les mers », constate Jacqueline Goy.

Une prolifération croissante qui depuis plusieurs années prend des allures de colonisation incontrôlable. 

« Auparavant, il y avait des cycles de pullulation tous les douze ans, explique Robert Calcagno. On parlait même “d’année à méduses”. Mais depuis les années 1980, et surtout depuis les années 2000, toutes les années sont des années à méduses. On pourrait même dire : il n’y a plus d’années sans méduse ». 

C’est principalement l’impact des activités humaines sur les océans qui expliquerait ce changement. Avant tout, la surpêche. « En capturant des tonnes de poissons (80 millions sont pêchés chaque année), les chalutiers éradiquent un certain nombre de prédateurs pour les méduses, tels les thons, les tortues, les poissons-lunes … Ils suppriment aussi leurs concurrents, les petits poissons, les anchois ou les sardines qui se nourrissent du même zooplancton. »

Tout va bien pour la méduse
Les activités humaines sont favorables aux populations de méduses © Caroline Pascal - Institut océanographique

Des dommages irréversibles pour les océans ?

« Les méduses sont finalement redoutables, conclut Robert Calcagno. Il suffit pour le comprendre de regarder les statistiques et de constater que, chaque année, plus de cinquante personnes décèdent à la suite de piqûres de méduses contre dix pour les attaques de requins. Mais personne n’en parle tellement. » Et leur impact ne se limite pas aux brûlures. Une autre victime de la méduse est l’économie. 

« Les pullulations ont déjà mis des bateaux en difficulté comme cela s’est produit, raconte Robert Calcagno, pour un chalutier japonais qui a chaviré sur une mer parfaitement calme à cause du poids des amas de méduses pris dans son filet.». 

Les entreprises d’aquaculture sont aussi victimes de ces agglomérats de cnidaires qui viennent se nourrir des alevins et anéantissent ainsi les élevages. La Namibie, réputée autrefois pour la qualité de sa pêche, a vu ses réserves halieutiques disparaître à cause de la surpêche au profit des méduses. Alors quelles solutions s’offrent à nous ?

Le danger n'est pas forcément où l'on croit
Même si les statistiques sur les mortalités par les méduses sont moins bien renseignées que pour les requins , Les méduses provoquent plus de décès humains. © Caroline Pascal - Institut océanographique.

Comment remédier à l'invasion des méduses ?

Plusieurs inventions ont vu le jour, même les plus invraisemblables, comme « le robot destructeur de méduses » qui, une fois plongé dans l’eau, détecte et broie les animaux avec une hélice. « Le remède est pourtant pire que le mal, s’étonne Jacqueline Goy, puisqu’en les découpant ainsi, les cellules de reproduction se libèrent et se multiplient».

Autre solution expérimentée, un filet de protection pour les plages. Son coût élevé rend toutefois sa généralisation difficile sur nos côtes. 

La prévention par modélisation pour alerter le public de l’avancée des méduses, organisée par l’Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer sous forme de Météo-méduses, peut juste aider à mieux s’en protéger. 

Dernière option : les manger. « Notons toutefois que seule une douzaine d’espèces sur 1 000 sont comestibles, précise Jacqueline Goy. La haute teneur en eau des méduses n’en fait pas, de surcroît, un aliment très nutritif ».

« Une fois que les méduses sont installées, c’est déjà trop tard, regrette Robert Calcagno. Il faut rétablir l’équilibre des océans, comme il y a 50 ans. » Comment ? En contrôlant et favorisant la pêche raisonnée, en développant les transports maritimes propres et les stations d’épuration, et en recyclant l’eau chaude rejetée par les centrales nucléaires pour chauffer des serres par exemple. »

Filet anti-méduses ©M.Dagnino
Filet pour protéger les baigneurs des méduses sur une plage monégasque. © Michel Dagnino – Institut océanographique
Cartographie des méduses en région PACA
Réseau d'observation de la prolifération des méduses en région PACA © meduse.acri.fr

Programme Méduses : les conférences de l'Institut océanographique

Méduses, ces nouveaux seigneurs des mers
Robert Calcagno et Jacqueline Goy
14 mai 2014 - Maison des Océans Paris

Médazur : météo Méduses en Méditerranée
Gabriel Gorsky
11 juin 2014 - Maison des océans - Paris

Voir aussi

L'origine du nom des méduses

Les méduses vues à travers l'Histoire naturelle

Proliférant aujourd’hui dans nos océans à cause des activités humaines, les méduses ont traversé les âges. Connues et décrites depuis Aristote, elles ont surtout été nommées au XIXe siècle par le naturaliste François Péron. Jacqueline Goy retrace leur histoire à travers l’histoire.

Aristote, Pline l’Ancien et les méduses, quel lien?

Dans l’Antiquité, Aristote s’intéresse à elles et parmi la centaine d’animaux marins qu’il décrit, il les appelle cnide, ce qui signifie qui pique, en précisant qu’elles se déplacent çà et là sur l’eau. En hommage à Aristote, les naturalistes du XXe siècle ont créé le phylum des cnidaires pour classer méduses, coraux, anémones de mer… qui tous piquent. Quatre siècles plus tard, Pline l’Ancien observe les mouvements des méduses qui lui rappellent les contractions et les dilatations de la respiration et il les nomme Pulmo marina, le poumon marin.

Meduse
C’est en observant l'étendue de la laisse de mer sur les côtes du Poitou, pleine de méduses rhizostomes, qu’Antoine de Réaumur, physicien et naturaliste français, introduisit le terme de "la gelée de mer" en 1710

La cinquième espèce d'ortie

Méduse Rondelet page 383
Cinquième espèce d’ortie, page 383 de L’Histoire entière des Poissons de Guillaume Rondelet, réédition du CTHS, 2002.

Au Moyen-Âge, le bestiaire marin est surtout peuplé de monstres, de chimères et de sirènes d’autant que cette période s’intéresse plus à la théologie qu’à l’étude de la nature. 

Il faut attendre Guillaume Rondelet et son ouvrage l’Histoire entière des poissons paru en 1554, dans lequel il décrit une série d’animaux urticants nommés « orties de mer ». La cinquième espèce est la méduse Rhizostoma pulmo, qui connaît un sort fabuleux, disposée en couronne, dans le tableau l’Allégorie de l’eau peint par Giuseppe Arcimboldo en 1566.

Le grand tournant de la connaissance de la zoologie c’est évidemment Carl Linné. Il propose une classification du monde vivant, tant végétal qu’animal, dans son Systema naturae, texte fondateur, et dans la quatrième édition de 1744, il introduit le nom de méduse par comparaison avec le visage de la Gorgone.

Arcimboldo Allegorie de l'eau
Allégorie de l’eau de Giuseppe Arcimboldo, original au Kunsthistorisches Museum de Vienne, huile sur bois, 1566.
La méduse Cassiopea est dédiée à Cassiopée, la mère d’Andromède dans le mythologie grecque

AU XIXe SIÈCLE, LES MÉDUSES ACQUIÈRENT DES NOMS ANTIQUES

Jean-Baptiste de Lamarck, alors professeur au Muséum national d’Histoire naturelle dès sa création en 1793, suppose l’origine de la vie « dans les masses gélatineuses dispersées dans le grand océan ». Et les masses gélatineuses pourraient bien être les méduses. 

C’est la raison pour laquelle un jeune naturaliste, François Péron, s’empare du sujet pour en faire une monumentale étude. D’après Albert Soboul, historien spécialiste de la Révolution française, la mode révolutionnaire introduit une majorité de héros de l’Antiquité dans les prénoms et elle s’abat aussi sur les méduses ! 

Péron n’hésite pas à donner les noms des dieux et des déesses à ses espèces. Il y a ainsi des Cephea, des Cassiopea, des Persa, des Chrysaora, des Geryonia et d’autres encore, toutes dédiées aux personnages qui gravitent autour du mythe de Méduse, noms toujours en vigueur.

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Albert Ier sur passerelle - Institut Océanographique de Monaco

Les grandes figures

Méduses : le livre

Méduses, à la conquête des océans

Jacqueline Goy, océanographe-biologiste spécialisée dans l’étude des méduses, et Robert Calcagno, directeur de l’Institut océanographique de Monaco, cosignent le livre « Méduses, à la conquête des océans » édité en 2014. Très documenté et largement illustré, cet ouvrage nous aide à mieux connaître ces organismes, à la fois redoutés et fascinants, et à comprendre comment le changement climatique favorise leur expansion.

Si la connaissance des méduses a heureusement progressé récemment, mon inquiétude face à l’épuisement des océans aussi. Car il est certain que les méduses apparaissent comme les seules espèces qui prospèrent dans tout l’océan et tirent parti de tous nos excès. […] Elles nous montrent clairement une voie que nous ne voulons pas suivre, mais sur laquelle nous nous laissons entraîner par notre appétit à court terme. Nous avons jusqu’ici associé mer et liberté, laisser-faire. Nous avons pris nos aises avec les océans comme avec notre environnement en général.

Et si les océans étaient en train de se « gélifier » ?

Les méduses prospèrent. Gracieuses et d’apparence si fragiles, elles s’adaptent redoutablement aux pollutions marines, profitent des excès de la pêche et conquièrent peu à peu nos mers. La gélification des océans est-elle inéluctable ? Jusqu’où iront les méduses ? 

Au travers du livre-documentaire « Méduses : à la conquête des océans », l’Institut océanographique met en perspective la dégradation de la santé des océans et la pullulation des méduses. Une piqûre de rappel sur les risques d’une surexploitation irréfléchie et déraisonnée du milieu marin. 

Les méduses, sentinelles, nous alertent notamment sur la qualité des eaux. Ce livre interroge ainsi la relation de l’homme à la mer, au milieu naturel et aux équilibres fragiles qu’il est vital de conserver.

Illustration Méduses
Jules Verne, Vingt Mille Lieues sous les mers, Illustrations de Neuville et Riou, Hetzel s.d. Collection privée.
Tout va bien pour la méduse
Les activités humaines sont favorables aux populations de méduses © Caroline Pascal - Institut océanographique

Les méduses auraient-elles des pouvoirs insoupçonnés ?

L’apparente fragilité de ces organismes cache une redoutable efficacité. D’apparence primitive, ils se laissent porter par les courants et vont en fait à l’essentiel : se nourrir et se reproduire. Leur efficacité et leur robustesse sont cependant exceptionnelles. 

Leur cycle de vie est étonnant, entre mise en sommeil et reproduction massive, allant jusqu’au rajeunissement quand le besoin s’en fait sentir. Les méduses détiennent la clé de l’immortalité. Elles ont aussi une exceptionnelle capacité d’adaptation. Elles se sont adaptées à tous les océans, jusqu’à l’eau douce. 

Aujourd’hui, elles résistent sans mal à nos excès, lorsque nous polluons les océans, avec nos nitrates, nos médicaments ou nos déchets plastiques… Après avoir profité de l’essor du transport maritime pour conquérir de nouveaux espaces, elles n’attendent plus que le changement climatique pour lancer leur prochaine offensive.

Homme et méduses, amis ou ennemis ?

Les méduses peuvent provoquer jusqu’à la paralysie de nos activités. Sur les plages européennes, les méduses sont le cauchemar des vacanciers. À l’autre bout du monde, leurs piqûres peuvent être mortelles. Et elles s’attaquent aussi à la pêche, à l’aquaculture, jusqu’aux centrales nucléaires qu’elles étouffent ! 

Pourtant, l’homme est le principal allié des méduses : la surpêche les débarrasse de leurs prédateurs et concurrents ; les pollutions diverses les nourrissent ou renforcent d’avantage leur robustesse. En leur offrant ainsi les océans, il leurs permettent de jouir d’un nouvel âge d’or.

Carte du monde Méduses
Les activités humaines impactées par la présence des méduses dans le monde ces dernières années, de manière permanente ou accidentelle. © Caroline Pascal - Institut océanographique
couverture du livre sur les méduses - Institut océanographique
Méduses : à la conquête des océans © Editions du Rocher. 2014

Découvrir les méduses avec l’Institut océanographique

Malgré leur simplicité, les méduses peuvent aussi nous rendre quelques services et ont déjà suscité deux prix Nobel. Peut-être un jour partageront-elles le secret de l’immortalité ? La science part à l’assaut de leurs secrets. 

Les méduses sont ainsi au cœur d’un programme complet porté par l’Institut océanographique de Monaco. Les aquariums du Musée océanographique proposent une vraie rencontre avec les méduses (aurélies, cassiopées…).

En outre, des conférences et des expositions temporaires ont été organisées en 2014 sur le thème « Les nouveaux seigneurs des océans : Requins ou bien Méduses ? », tant à la Maison de l’Océan, à Paris, qu’au Musée océanographique, à Monaco. 

L’ouvrage « Méduses : à la conquête des océans » vient approfondir ce programme. Il est édité par les Éditions du Rocher et disponible au prix de 19,90€.

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L’Océan en questions

Les méduses et l’homme

Redoutées depuis l’Antiquité, les méduses sont étudiées par les scientifiques depuis le XXe siècle seulement. Aujourd’hui, on découvre leurs capacités d’adaptation et de régénération. Cet animal gélatineux est une mine d’or pour la recherche médicale et biochimique, qui espère utiliser leurs particularités pour soigner. Mais les méduses prolifèrent, jusqu’à peut-être modifier les biotopes, et semblent profiter pour cela de la baisse des stocks de poissons. Faisons le point avec Jacqueline Goy, auteur de cette fiche scientique.

Les méduses, redoutées à juste titre ?

Dès l’Antiquité, les nuisances dues aux méduses ont incité Aristote à leur donner le nom de « cnide » (urticant en grec) et, en hommage, les savants ont créé le groupe des cnidaires pour désigner l’ensemble des animaux possédant cette fonction.

Les piqûres de méduses n’ont pas toutes la même gravité et, sur nos côtes, elles provoquent de simples démangeaisons ou une ulcération profonde. C’est justement ce qu’ont ressenti les marins en triant des poches de chalut remplies de physalies lors de campagnes du Prince Albert Ier de Monaco au large des Açores. Les physalies ne sont pas des méduses mais des siphonophores dont les longs tentacules récupèrent les proies en les paralysant grâce à leurs toxines. Étudiée par deux savants, Charles Richet et Paul Portier, que le Prince embarque, et testée sur des animaux, la toxine a un effet sur le cœur et les poumons, plus violent au second contact. Les deux savants ont appelé cette réaction l’anaphylaxie, le contraire de la phylaxie ou protection. C’est le paroxysme des allergies. Charles Richet a reçu le prix Nobel de médecine et de physiologie en 1913.

Phyllorhyza punctata

Mangerons-nous des méduses à la place des poissons ?

La surpêche laisse disponible une nourriture non consommée par les poissons, les méduses en profitent, ce qui favorise leur croissance. L’augmentation de la température de l’eau peut accélérer la reproduction des méduses, et les jeunes ne risquent pas de souffrir de disette dans cet environnement trophique si favorable. Cette gélification générale des océans due à l’activité humaine traduit une déviation dangereuse pour l’économie des mers car les méduses n’ont pas une grande valeur alimentaire. Les manger – les boire serait plus juste à cause des 96 % d’eau qu’elles contiennent – ne constitue pas un repas énergétique.

Pas si éloignées des humains ?

Les méduses ont des yeux répartis sur le bord de l’ombrelle : simples taches pigmentaires ou présentant une cornée, un cristallin et une rétine à couche pigmentaire bipolaire. C’est la première ébauche de céphalisation, dont l’étude donne des perspectives intéressantes pour les cicatrisations en cas de dégénérescence de la rétine. Autre surprise après la maladie de la vache folle qui a orienté la recherche de collagène vers d’autres animaux que les bovins, c’est la découverte d’un collagène de type humain chez les méduses. Il sert de fausse peau pour les victimes de brûlures, de support de culture en cytologie et se révèle un antirides efficace en cosmétologie.

Méduse

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La grande famille des méduses

Tout ce qui est gélatineux, n'est pas méduse !

En anglais, le terme jellyfish décrit le plus souvent l’ensemble du plancton gélatineux qui comprend en plus des méduses, d’autres animaux comme les siphonophores (physalies…), les thaliacés (salpes, pyrosomes…) et les cténophores (groseilles de mer, béroés…). En ce qui concerne les méduses, on distingue quatre grands groupes selon leur cycle de vie.

LES « VRAIES » MéDUSES, LES SCYPHOMÉDUSES

Leur taille varie de quelques millimètres jusqu’à deux mètres de diamètre, leurs tentacules peuvent être inexistants ou nombreux et mesurer plusieurs dizaines de mètres.

Leurs formes sont variées : rondes, carrées, plates, en dôme, massives… Leur pourtour peut être lisse ou lobé.

Selon l’espèce, les bras oraux peuvent être lisses, festonnés ou en chou-fleur.

Les scyphoméduses ont de manière générale un stade de vie libre et un stade de vie fixée. On en connaît 190 espèces, dont Pelagia noctiluca et Aurelia aurita.

Méduse Pélagie Pelagia noctiluca
Pelagia noctiluca © Michel Dagnino – Institut océanographique
Méduse aequorea ©F.Pacorel
Aequorea forskalea © Frédéric Pacorel – Institut océanographique

LES HYDROMéDUSES

On dénombre 840 espèces d’Hydroméduses, dont seulement 20 % ont un cycle de vie connu.

Elles possèdent un stade fixé appelé polype et un stade libre appelé méduse, comme l’équorée et la vélelle.

On observe souvent des concentrations de vélelles (Velella velella) appelées aussi barques de Saint-Jean au mois de juin au moment du solstice d’été.

Après une tempête, on peut les retrouver échouées par milliers le long des plages.

Á condition de ne pas être allergique, la vélelle ne présente aucun danger pour l’homme.

Echouage de vélelles dans la région de Nice © Pierre Gilles.
Echouage de vélelles dans la région de Nice © Pierre Gilles.

LES CUBOMÉDUSES

Avec leur ombrelle cubique, ce sont les plus dangereuses de toutes.

Sur une quarantaine d’espèces, leur cycle de vie est connu pour à peine 10 % d’entre elles.

Parmi les cuboméduses, la fameuse Chironex fleckeri, appelée « piqueur marin », « guêpe de mer » ou encore « main de la mort », vit dans les eaux du littoral nord-australien et du sud-est asiatique.

L’espèce Carybdea marsupialis est parfois présente l’été dans les eaux tempérées chaudes de l’océan Atlantique nord et de la Méditerranée.

Carybdea marsupialis
Carybdea marsupialis © Alessandro Sabucci/CC BY-SA
Lipkea ruspoliana dans un des aquariums du Musée océanographique de Monaco
Lipkea ruspoliana dans un des aquariums du Musée océanographique de Monaco © Michel Dagnino - Institut Océanographique de Monaco

DES MÉDUSES RARES ET ÉNIGMATIQUES, LES STAUROMÉDUSES

Le quatrième groupe très particulier se compose d’une vingtaine d’espèces qui vivent fixées sur le sol ou sur une paroi, et n’ont pas de stade libre.

Une stauroméduse rare, Lipkea ruspoliana, a été identifiée en 1998, dans les aquariums du Musée océanographique de Monaco. Elle n’avait jamais été retrouvée en Méditerranée depuis sa première description en 1886 par Carl Vogt, d’après un spécimen alors pêché sur les côtes nord-ouest de la Sardaigne. Le spécialiste japonais Tohru Uchida la considère en outre comme la forme ancestrale de tous les Cnidaires !

En terme d’évolution Lipkea est aux méduses ce que le poisson cœlacanthe est aux Vertébrés.

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S’engager pour les Requins

2013, le programme Requins de l'Institut océanographique

Opérations de sensibilisation, expositions dédiées au Musée océanographique, animations pour tous, réunions scientifiques internationales : la préservation des requins est un enjeu fort pour l’Institut océanographique. Au travers de son grand programme d’action « Requins », initié en 2013, l’Institut invite à la rencontre de ces seigneurs des mers, aussi fascinants que méconnus et plaide pour une gestion équilibrée de la problématique de cohabitation qui se pose à nous…

Les requins, essentiels à l’équilibre des océans, sont menacés

Clés de voûte des écosystèmes marins, les requins en assurent l’équilibre et la vitalité. Si les requins venaient à disparaître ou à se raréfier, les écosystèmes s’en trouveraient perturbés, jusqu’à menacer en cascade de nombreuses autres espèces. Après 400 millions d’années de domination des océans, les populations de requins ont diminué de 80 à 99 % ces 50 dernières années. Pour éviter cette catastrophe, l’Institut océanographique cherche à promouvoir une cohabitation apaisée entre hommes et requins, y compris dans les rares cas où les requins présentent un risque pour l’homme.

Mission Malpelo
Requin boite à outils

Des ateliers de travail et d’échange pour protéger les requins

Avec ses partenaires, l’Institut océanographique organise régulièrement des ateliers de travail de haut niveau. C’était par exemple le cas en 2013 lors des deux échanges entre experts internationaux sur la cohabitation entre l’homme et les requins. Ces échanges permettent d’avancer dans la connaissance et la protection des requins comme des activités humaines, notamment lorsqu’il y a risque d’accident : ces rencontres ont abouti à la création d’un document unique à ce jour : la « boîte à outils face au risque requin ».

Qu’est-ce que la « Monaco Blue Initiative » ?

Lancée en 2010 par S.A.S. le Prince Albert II de Monaco, la Monaco Blue Initiative est une plateforme de discussion co-organisée par l’Institut océanographique – Fondation Albert Ier, Prince de Monaco et la Fondation Prince Albert II de Monaco. Elle réunit ses membres une fois par an pour aborder les défis mondiaux présents et à venir de la gestion et de la conservation des océans. Cet événement propose un environnement stimulant pour encourager les échanges entre les entreprises, les scientifiques et les décideurs, pour analyser et promouvoir les synergies possibles entre la protection du milieu marin et le développement socio-économique. 

Monaco Blue Initiative 2019

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Hommes ou requins : qui sont les dents de la mer ?

Symbole d’une nature sauvage et insoumise, le requin représente la limite de notre domination des mers, cette frontière que certains tiennent absolument à repousser jusque dans les abysses. Dans cette tribune parue en 2013, Robert Calcagno interroge les rapports entre les hommes et les requins.

Tribune de Robert Calcagno, directeur général de l’Institut océanographique, Fondation Albert Ier, Prince de Monaco, parue dans le Huffington Post le 22 janvier 2013.

Une question de réputation

Dans notre culture occidentale, les requins ont toujours hérité des qualificatifs les plus détestables. Détenteurs du statut peu enviable de bouc-émissaires, ils ont été rendus responsables de toutes les difficultés rencontrées par l’homme dans sa conquête du milieu marin. La légende les a faits dévoreurs de naufragés lorsque les premières embarcations ont fait route vers le large, mangeurs de pilotes d’avion lorsque les premières carlingues ont été retrouvées en mer, et même concurrents déloyaux des pêcheurs lorsque les prises s’avéraient insuffisantes.

Aucune accusation ne leur a été épargnée, pas même celle de chasseurs d’hommes. Depuis le film « Les dents de la mer » (1975) , il semble admis que les requins s’adonnent à la traque de baigneurs, surfeurs et autres véliplanchistes jusque sur le bord des plages. Quand un accident survient, il en faut peu alors pour que l’homme, dans un déferlement de haine, ne réclame justice.

Quel animal marin peut aujourd’hui prétendre égaler la couverture médiatique du requin ou jouir d’une réputation aussi détestable ? À aucun moment, pourtant, l’homme ne se remet en cause. Jamais il n’établit de corrélation entre la hausse du nombre d’attaques et le boum des activités nautiques, lequel accroît considérablement la probabilité d’une rencontre entre l’homme et la bête. Car des deux, quel est celui qui envahit le territoire de l’autre ?

Requin vitre

Le danger est ailleurs

Symbole d’une nature insoumise, le requin représente la limite de notre domination des mers, cette frontière que certains tiennent absolument à repousser jusque dans les abysses. Alors que les océans sont aujourd’hui appréciés comme l’un des derniers espaces de liberté, revendiqué par les adeptes de sports nautiques et sous-marins, l’homme cherche à y introduire contrôle et maîtrise. Quel sens aurait donc une liberté qui s’exercerait dans un monde policé et aseptisé ?

Focaliser ainsi sur la domination de la nature revient à méconnaître l’origine du danger, car celui-ci vient beaucoup plus de l’intérieur de ces terres que nous pensons contrôler. Alors que les requins tuent moins d’une dizaine de personnes par an dans le monde, l’effondrement de tunnels de sable creusés aux États-Unis causent à eux seuls autant de décès. En France, près de 500 personnes meurent chaque été d’une noyade accidentelle, dont plus de 50 en piscine. Sans parler des risques, incomparablement supérieurs, d’accident sur la route des plages ! En quoi l’éradication totale des requins aurait-elle un effet positif sur ces statistiques ?

Si les requins ont échappé, depuis leur apparition voici près de 400 millions d’années, à toutes les crises d’extinction, survivant par exemple aux dinosaures, l’homme met aujourd’hui un acharnement rare à les faire disparaître. Pêchés spécifiquement, le plus souvent pour leurs ailerons, ou pris dans la grande nasse de la surpêche mondiale, ils sont plus de 50 millions à disparaître chaque année. La plupart des stocks de squales connus ont diminué de 80 à 99 % depuis les débuts de la pêche industrielle, au milieu du XXe siècle. Sans état d’âme, voire avec la satisfaction de se débarrasser de concurrents ou de gêneurs, l’homme réduit les océans à de vastes piscines.

Accepter une mer sauvage

Certaines cultures insulaires auraient pourtant pu nous éclairer. Nourrissant une toute autre relation à la mer, elles respectent les requins comme l’incarnation d’une nature qui donne et reçoit, qui nourrit et tue, sans méchanceté aucune et parfois même avec clairvoyance, pesant les âmes pour sélectionner victimes et miraculés.

L’Occident a préféré de son côté rompre l’harmonie et opter pour l’affrontement. Nous méconnaissons ainsi le rôle déterminant des requins pour maintenir l’équilibre et la vitalité des écosystèmes marins, en contrôlant les étages inférieurs de la pyramide alimentaire et en sélectionnant les proies affaiblies. Localement, la disparition des requins a déjà conduit à des bouleversements notables : multiplication des raies qui ont fait disparaître le gisement de pétoncles centenaire de la côte nord-est des États-Unis ou développement des poulpes qui se sont régalés de langoustes néo-zélandaises. À grande échelle, le trafic intensif de ces animaux nous conduit tête baissée vers l’inconnu. Nous allons certainement vers la domination absolue, mais une domination sur des océans appauvris et stériles.

Notre lutte aveugle contre les requins atteste des faibles leçons de vie retenues jusqu’alors. En souhaitant repousser toujours plus loin les limites du milieu naturel et les derniers grands animaux sauvages, nous refusons toute cohabitation qui ne serait pas basée sur la domination. Accepter la nature revient pourtant à accepter que certains espaces échappent à nos règles et exigences. Au-delà de nous questionner sur les océans, interrogeons-nous sur les hommes que nous voulons être…

N’est-il pas urgent de faire preuve d’altruisme en démontrant que notre liberté sait aussi s’arrêter devant celle d’autres espèces qui, bonnes ou mauvaises, utiles ou inutiles, ont pour caractéristique première de partager notre planète bleue ? C’est au prix de ce changement de posture philosophique que l’humanité pourra trouver équilibre et sérénité.

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LES REQUINS
menaçants ou menacés ?

Requins : du mythe à la réalité

L’évocation de l’animal fait encore peur et reste très impopulaire. On qualifie souvent de « requin » une personne impitoyable en affaires ! Pourtant, au-delà de l’image mythique du requin, la réalité est bien différente.

Dépasser ses préjugés sur les requins !

En 2013, le programme « Requins, au-delà du malentendu » de l’Institut océanographique visait à changer le regard sur les requins. Des conférences à la Maison de l’Océan, à Paris, ont permis au public d’échanger avec les plus grands spécialistes et les amoureux des requins venus témoigner de leur expérience exceptionnelle au plus près de ces grands prédateurs.

Le livre « Requins, au-delà du malentendu » fait le point sur ces super prédateurs à la  terrible réputation.

Requins, fascinants seigneurs des mers

Un aileron fend subitement la surface avant de plonger à l’approche d’un baigneur… Voilà une vision qui suffit à vider en quelques secondes la plage la plus bondée. Une représentation gravée dans notre imaginaire, qui cristallise toutes nos peurs.

Toujours à l’affût d’une proie à son goût, qui aura bien peu de chances d’échapper à sa vigilance, à le distancer ou à résister à son impressionnante mâchoire, les requins ont la réputation d’être les plus féroces des animaux marins, et les « meilleurs ennemis »de l’homme.

L’image du super-prédateur nous hante depuis des siècles. Le cinéma comme les médias sont là pour terroriser jusqu’aux plus marins d’entre nous. La réalité n’est pas aussi caricaturale. Ces poissons, bien moins dangereux qu’on ne le croit, n’en sont pas moins fascinants.

Requins Menaçants
Requins Infors

Le requin, un super prédateur

Pour détecter les proies, le requin est pourvu d’une quantité d’organes et de capteurs sensoriels qui lui permette de s’orienter et de se déplacer, ce qui en fait un prédateur efficace.

Ce n’est donc pas un sens en particulier qui donne au requin l’avantage mais plutôt la complémentarité et la synergie entre tous ceux-ci. Selon les conditions du milieu, ils se révéleront utiles à différents moments.

L’odorat est efficace sur quelques dizaines de kilomètres, pour détecter les proies à distance ; la vision permet de préparer l’attaque sur quelques dizaines de mètres, et la détection des champs électriques d’explorer les alentours dans un rayon de deux mètres.

Les super pouvoirs des requins

Les requins ont-ils des oreilles ?

Les requins ont-ils une bonne vue ?

Les requins ne possèdent pas d’oreilles à proprement parler, mais des pores placés sur le dessus de la tête.

En l’absence de tympan, c’est le corps entier qui joue le rôle de récepteur des vibrations sonores qui sont ensuite transmises à l’oreille interne.

Celle-ci, particulièrement performante, gouverne non seulement l’audition mais aussi l’équilibre et l’orientation.

Les squales sont sensibles aux basses, voire très basses fréquences, qui se propagent le mieux en milieu aqueux.

Souvent gênée par la turbidité de l’eau, la vue est peut-être le sens le moins sollicité chez les requins dans la recherche et la détection des proies.

En général ce sont surtout les contrastes qu’ils distinguent particulièrement par une vision crépusculaire.

La lueur que l’on peut observer dans le regard du grand blanc à la nuit tombante ou dans une semi-obscurité, est due à la présence d’une sorte de réflecteur, le tapetum lucidum (locution latine signifiant « tapis luisant ») qui améliore la vision sous faible luminosité.

L'odorat, un sens très performant

Les ampoules de Lorenzini

Les requins sentent « en stéréo » et détectent l’endroit d’où provient l’odeur, et remontent jusqu’à sa source sur une dizaine de kilomètres. Ils sont sensibles à des dilutions, pour le sang, de l’ordre d’un centilitre (la valeur d’un dé à coudre) dilué dans 100 000 litres d’eau.

Ce sont de minuscules pores éparpillés autour des yeux et de la bouche, qui détectent les faibles courants électriques produits par les êtres vivants (même ceux qui sont enfouis dans le sable), ainsi que les variations de température et de salinité de l’eau.

La sensation de toucher chez les requins

Le système latéral, un capteur spécifique

Le toucher très développé s’apparente à une sorte de « goût cutané » rendu possible par la présence sur tout le corps de cryptes sensorielles  Ces récepteurs, distribués sur l’ensemble du corps, permettent au requin d’apprécier son environnement dans lequel il évolue.

Ainsi, un simple contact suffit à indiquer au requin si la proie qu’il envisage lui convient. C’est pourquoi il se contente parfois de bousculer sans mordre.

La force de l’animal et la rugosité de la peau rendent toutefois ce contact dangereux.

Mais il possède également un « vrai » goût, via les bourgeons gustatifs, appelés aussi « organes en tonnelet », qui tapissent sa cavité buccale

Les requins ne perçoivent pas leurs proies uniquement par l’odorat.

Comme les autres poissons, ils possèdent le long d’une ligne qui va de la tête à la queue, des milliers de pores qui sont des capteurs de pression et de vibrations mécaniques.

La présence de ces organes explique pourquoi les squales réagissent de façon aussi immédiate aux sons produits dans l’eau par des coups ou des objets qui s’entrechoquent.

Le danger n'est pas forcément où l'on croit

Les attaques de requins sont-elles toutes mortelles ?

On ne sait pas pourquoi les requins attaquent parfois des humains. On invoque souvent une méprise ou une réaction de défense. On peut aussi penser que, pour le requin, l’homme pourrait être perçu comme une proie potentielle, même s’il ne fait pas partie de son régime alimentaire habituel.

Compte tenu des rapports de taille et de force entre un homme et un requin, une morsure, même si elle est le fait d’une méprise, peut être grave et même fatale pour la victime.

Les quelques dizaines d’attaques répertoriées annuellement dans le monde entier ne sont pas toujours synonyme de morts. En termes d’animaux dangereux, ce sont les moustiques qui tiennent le haut du pavé en tant que serial killers. Même les chiens, animaux domestiques très proches de l’Homme, tuent davantage que les requins.

Attaques sous haute surveillance

Le premier fichier mondial des attaques de requins, l’International Shark Attack File (ISAF), a vu le jour aux États-Unis à partir de 1958.

Élaboré par un groupe de scientifiques à la demande de la Marine américaine, son objectif était de rechercher le rôle respectif des facteurs environnementaux et des caractéristiques des victimes dans le déclenchement des attaques.

L’impact des accidents de requins sur l’industrie touristique, a amené la création de nouvelles structures de recherches et banques de données : l’Australian Shark Attack File en Australie et le Natal Sharks Board en Afrique du Sud, permettant désormais de comparer plus aisément les chiffres d’attaques de requins.

En 2013 et en 2014, sous l’impulsion et la présidence de S.A.S. le Prince Albert II de Monaco, l’Institut océanographique a organisé deux ateliers d’experts internationaux sur les requins pour  créer une « Boîte à outils face au risque requin ».  Son objectif : regrouper les solutions existantes dans le monde pour se prémunir des attaques de requins, tout en mettant en perspective la réalité des risques encourus par l’homme.

Menaçants mais aussi menacés !

Les requins sont victimes de la pêche et des mauvaises pratiques. L’industrialisation de la pêche, la voracité de l’homme pour des produits issus du requin font que 50 à 150 millions de ces animaux sont tués chaque année par l’homme.

La maturité sexuelle très tardive des requins et une progéniture peu nombreuse sont des facteurs limitants du renouvellement de leurs populations, et aujourd’hui les populations de requins sont clairement menacées.

 

Requins Pêche

La soupe de l'horreur

Plus des deux tiers des requins sont pêchés uniquement pour leurs ailerons. Pour satisfaire une demande croissante, certains pêcheurs ont trouvé une solution extrêmement rentable qui consiste à couper les ailerons sur le lieu de pêche et à rejeter à la mer un animal de toute façon condamné à mort. C’est ce qu’on appelle le « finning ».

Sur 100 millions de requins tués chaque année, 73 millions le sont pour la soupe. Certains pays interdisent cette pratique en mer et obligent les pêcheurs à ramener les requins entiers au port, pour tenter de limiter le massacre et ne pas gaspiller cette ressource.

La soupe aux ailerons de requins est un mets traditionnel chinois très prisé, aux vertus soi-disant aphrodisiaques. Longtemps réservée aux repas de fêtes à Hong Kong, où 89 % de la population en sert aux repas de mariage, elle est devenue accessible à des millions de personnes dans les années 1990, à la suite du boom économique asiatique.

Requin

Les requins, essentiels à l’équilibre des océans

Clés de voûte des écosystèmes marins, les requins en assurent l’équilibre et la résilience.

Si les requins venaient à disparaître ou à se raréfier, les écosystèmes s’en trouveraient perturbés, jusqu’à menacer  par « effet cascade » de nombreuses autres espèces.

Quand un prédateur disparaît, ses proies habituelles se développent rapidement et accroissent à leur tour la pression sur leurs proies.

C’est tout l’écosystème qui se retrouve perturbé par la disparition ou la raréfaction des prédateurs supérieurs, y compris les différentes espèces qui présentent un intérêt commercial.

L’industrie de la pêche peut donc pâtir d’une l’élimination qu’elle a pourtant provoquée.

Requin et stockage du carbone

On le sait depuis peu, par la biomasse qu’ils représentent, les cétacés et les grands poissons pélagiques comme les requins et les thons jouent un rôle important dans la problématique du changement climatique.

Contenant 10 à 15 % de carbone dans leur chair, ils séquestrent énormément de carbone dans l’Océan. Quand ils meurent par mortalité naturelle, de vieillesse ou mangés par des prédateurs, le carbone qu’ils contiennent est recyclé en matière vivante ou enfoui au fonds de l’Océan, séquestré pendant des milliers, voire des millions d’années.

En revanche, quand ils sont pêchés et extraits de l’Océan, le carbone est alors mis en circulation à la surface de la Planète et finissent en CO2, contribuant à l’effet de serre. A cela, il faut ajouter les importantes quantités de CO2 dégagées par les activités de pêche elles-mêmes, menées dans des endroits toujours plus éloignés.

Pour lutter contre le changement climatique, certains experts préconisent de restaurer les pêcheries et les prédateurs apex, donc d’arrêter de les pêcher et de les laisser tout simplement dans l’eau.

La protection et la conservation des requins : une urgence mondiale

Jadis on considérait qu’un bon requin était un requin mort !

Des recherches récentes ont mis en évidence le rôle écologique des requins dans les écosystèmes marins.

Prédateurs placés au sommet des chaînes alimentaires, les requins régulent les populations de proies sur lesquelles ils se nourrissent.

La surexploitation de ces prédateurs supérieurs entraîne des effets en cascade dans les chaînes alimentaires ; effets qui sont néfastes à l’écosystème et à la pêche, car cela peut engendrer la pullulation d’espèces indésirables pour l’homme.

Du fait de leur rôle régulateur, les requins sont de plus en plus intégrés dans les plans de gestion des pêches.

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L’Océan en questions

Mapping Buyle

Explorations de Monaco

Albert Ier sur passerelle - Institut Océanographique de Monaco

Les grandes figures

Boite à outils Requins
se prémunir des attaques

Des experts « requins » réunis au Musée océanographique

En 2013 et en 2014, sous l’impulsion et la présidence de S.A.S. le Prince Albert II de Monaco, l’Institut océanographique a organisé deux ateliers d’experts internationaux sur les requins. 

Grâce à un échange passionné  et constructif entre les spécialistes,  Vivre avec les requins, Boîte à outils face au risque requin  a été créée. Son but ? Regrouper dans un même dossier, les solutions existantes dans le monde pour se prémunir des attaques de requins, tout en mettant en perspective la réalité des risques encourus par l’homme.

Rencontres internationales autour de la problématique requins

Des scientifiques, ingénieurs, gestionnaires venus d’Australie, d’Afrique du Sud , du Brésil ou encore des Etats-Unis ont échangé autour des solutions mises en place dans leurs pays dont les côtes sont fréquentées par les requins.

Dépassant l’impasse de l’affrontement entre homme et animaux, la Boîte à outil Requins dresse un panorama des solutions existantes, ou en développement, pour faire face au risque d’attaques de requins.

Bien loin de l’idée d’exterminer tous les requins des océans, ces discussions démontrent qu’une cohabitation organisée et pacifiée avec les requins est aujourd’hui possible.

Requin boite à outils
Requins BAO

Un très faible risque d’attaque mortelle

Le risque d’une attaque mortelle par un requin est extrêmement faible à l’échelle mondiale : seulement une dizaine enregistrés par an.

C’est peu comparé aux risques liés aux pratiques sportives ou à d’autres animaux comme les moustiques tuant chaque année plus de 800 000 personnes.

Seules cinq espèces de requins sur près de 500 présentent un danger pour l’homme, du fait de leur taille importante et de leur régime alimentaire. La plupart des accidents sont causés par le grand requin blanc, le requin bouledogue et le requin-tigre, qui passent fréquemment près des côtes.

Malgré le faible nombre d’accidents, chaque attaque fait l’objet d’une exposition médiatique forte et ternit la réputation des requins.

Un fichier international de recensement des attaques de requins

Par rapport à d’autres espèces considérées dangereuses pour l’homme, les attaques et décès attribués aux requins de toutes sortes sont extrêmement bien documentés.

Lancée en 1958, l’International Shark Attack File (ISAF) est la seule base de données complète et scientifiquement documentée au monde sur toutes les attaques de requins connues.  Elle compte aujourd’hui plus de 6 500 enquêtes individuelles couvrant la période allant du début des années 1500 à nos jours.

Requins ISAF

11 fiches avec des solutions concrètes

Face au risque requin, des solutions existent. 11 fiches présentent ici de nombreuses initiatives de divers endroits du globe connus pour des attaques de requins sur l’homme.

Information, météo requins, recherche et alerte, vigie requins, guetteurs de requins, filet de séparation, répulsif individuel, drones et intelligence artificielle, bouée de détection, barrière anti-requins et câble rayonnant sont les 11 solutions discutées dans la Boîte à outils Requin.

Il n’y a pas de solution unique et transposable et le dispositif retenu doit être adapté à la situation locale en fonction de la géographie, des espèces présentes et leurs habitudes de celles-ci, mais aussi du contexte social.

Requin BAO

En choisissant de consacrer aux seigneurs des mers une grande exposition, et plus largement un cycle de conférences, des colloques et un ouvrage de vulgarisation, l’Institut océanographique souhaite inviter le public à dépasser des stéréotypes bien ancrés, pour partir à la rencontre de ces super-prédateurs, bien plus menacés que menaçants"

Permettre une bonne cohabitation homme-requin

Des solutions innovantes existent aujourd’hui pour répondre au risque requin sans les exterminer.

Il faut le rappeler : ces animaux sont essentiels à la bonne santé  et à la résilience de l’Océan.

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couverture du livre sur les méduses - Institut océanographique

Éditions

Mapping Buyle

Explorations de Monaco

Albert Ier sur passerelle - Institut Océanographique de Monaco

Les grandes figures

Les 7 tortues marines du monde

Sur plus de 300 espèces de tortues, seules 7 vivent en mer

Il existe plus de 300 espèces de tortues dans le monde, dont 250 espèces aquatiques (qui vivent en eau douce, milieux humides et palustres), 60 espèces terrestres et seulement 7 qui vivent en mer, comme nous l’explique Flegra Bentivegna dans la fiche thématique ci-dessous.

Six espèces dans une même famille : les cheloniidés

Sur les sept espèces de tortues marines, six appartiennent à la famille des cheloniidés. Cette famille a la caractéristique d’avoir une carapace sans carène couverte d’écailles et une ou deux griffes sur les nageoires. Seule la tortue luth fait partie de la famille des dermochélyidées, caractérisée par l’absence de corne et d’écaille sur sa carapace.

Des caractéristiques bien distinctes

MOM - Tortue luth

La tortue luth : la plus massive

Dermochelys coriacea est la seule espèce de la famille des dermochélyidés. C’est la plus imposante des tortues marines. Elle peut atteindre 400 kg et dépasser les deux mètres de longueur. Sa carapace n’est pas recouverte d’écailles mais d’une peau coriace.

La tortue verte : couleur végétale

Chelonia mydas est la plus grande des cheloniidés. Son poids varie de 160 à 250 kg et sa taille de 80 à 130 cm. Au stade juvénile, la tortue verte est essentiellement carnivore et se nourrit de petits crustacés et poissons.

À l’âge adulte, elle devient végétarienne et se nourrit essentiellement de plantes marines. Elle doit d’ailleurs son nom à la couleur inhabituelle de sa chair, imputable à son régime alimentaire.

MOM - Tortue verte
MOM - Tortue caouanne

La tortue caouanne : une mâchoire efficace pour être carnivore

Caretta caretta mesure jusqu’à 120 cm pour 200 kg. Carnivore, elle mange des méduses, des petits poissons, des crabes et des crevettes. Un puissant muscle maxillaire lui permet de broyer les crustacés avant de les ingurgiter.

La tortue imbriquée : une beauté prisée

Eretmochelys imbricata pèse de 60 à 90 kg pour une taille de 60 à 120 cm. Omnivore, elle se nourrit d’éponges rendant sa peau toxique pour l’homme. Cette caractéristique lui a permis de rester loin des braconniers intéressés par la viande. Cependant, elle est traquée pour ses magnifiques écailles qui sont faciles à transformer en objets artisanaux comme des peignes ou des bijoux.

MOM - Tortue imbriquée
MOM - Tortue olivâtre

La tortue olivâtre : débarquement imminent

Lepidochelys olivacea doit son nom à la couleur vert-olive de sa carapace. Elle mesure de 50 à 75 cm pour un poids de 40 à 50 kg. Elle est connue pour ses débarquements massifs (appelés “arribadas”, en espagnol) de femelles venant pondre sur des plages des côtes pacifiques d’Amérique centrale (Mexique, Costa-Rica, Panama), ainsi qu’en Amérique du sud, sur des côtes du Surinam.

La tortue de Kemp : la plus rare

Lepidochelys kempii est la plus rare et la plus discrète. C’est également la plus petite : de 45 à 70 cm pour 30 à 50 kg. Elle pond principalement sur la plage mexicaine de Playa de Rancho Nuevo.

MOM - Tortue de Kemp
MOM - Tortue dos plat

La tortue à dos plat

Natator depressus se rencontre exclusivement entre l’Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et l’Indonésie. À ce jour, seules quelques plages du nord de l’Australie semblent les abriter pour leur reproduction. Son nom vient de sa carapace particulièrement plate. Elle mesure de 95 à 130 cm pour un poids de 100 à 150 kg. Son régime à base de concombres de mer, de coquillages et de méduses fait d’elle une tortue carnivore.

L’existence d’une huitième espèce reste controversée

Certains spécialistes parlent de huit espèces de tortues. Ce sujet reste controversé : Chelonia agassizii est parfois considérée comme une sous-espèce de la tortue verte Chelonia mydas.

Qu’il existe une espèce de plus ou pas, les menaces actuelles sur la biodiversité marine encouragent à s’émerveiller devant ces « sept tortues marines du monde » et à les protéger.

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couverture du livre sur les méduses - Institut océanographique

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Albert Ier sur passerelle - Institut Océanographique de Monaco

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S.O.S. Tortues

Un jeu pour sensibiliser à la protection des tortues marines

En 2017, l’Institut océanographique, Fondation Albert Ier Prince de Monaco s’associe à la société monégasque Éléments Édition pour proposer un jeu de plateau éco-conçu : S.O.S. Tortue permet de comprendre en famille les enjeux de la protection des tortues marines face aux dangers des activités humaines.
Exemples de carte SOS Tortues

Apprendre en famille à agir pour l’environnement

Chaque joueur choisit une espèce de tortue marine. Sa mission sera de la protéger contre vents afin qu’elle puisse se reproduire. 

C’est le joueur qui a protégé le plus d’individus de son espèce qui remporte la partie.

Toutefois, pas de compétition, les joueurs s’entraident tous les dangers  : surpêche, destruction des plages, pêche involontaire…

Ce jeu de plateau simple se joue à partir de six ans, avec deux à six joueurs. La durée d’une partie est d’environ 30 minutes. 

Un jeu de plateau éco-conçu

Pour rester cohérents avec l’ambition du jeu, ses créateurs (Cédric Duwelz et Éléments Éditions) ont observé toutes les règles de l’éco-conception : dés en bois, papier issu de forêts gérées durablement et sachet en tissu.

Aucune pièce n’est en plastique afin de mieux respecter l’environnement. Toutes les illustrations sont originales et ont été réalisées par Olivier Fagnère.

Après une campagne de financement participatif fin 2016 sur la plateforme Ulule, le jeu est aujourd’hui édité pour le grand public et proposé au prix de 29,90 €.

plateau SOS Tortues

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L’Océan en questions

Nos partenariats Tortues marines

Des relations permanentes avec la Polynésie française

Le 8 octobre 2015, S.A.S. le Prince Albert II de Monaco a  été accueilli par M. Edouard Fritch, Président de la Polynésie française, pour échanger sur la préservation des océans. Lors de cette rencontre, S.A.S. le Prince Albert II, M. Robert Calcagno, directeur général de l’Institut océanographique, Fondation Albert Ier Prince de Monaco et S.E. M. Bernard Fautrier, vice-président de la Fondation Prince Albert II ont signé un accord de partenariat avec l’association Te mana o te moana (l’esprit de l’océan) présidée par le Dr. Cécile Gaspar pour renforcer la protection des tortues marines en Polynésie.
Partenariat TE Mana O Te Moana

L’action de Te mana o te moanA

L’association Te mana o te moana est très impliquée dans la sauvegarde des tortues marines.

Elle gère depuis 2005 un centre de soins des tortues marines situé à Moorea et, depuis 2011, l’observatoire des tortues marines de Polynésie française.

Vaste comme l’Europe, la Polynésie française et ses eaux territoriales jouent un rôle essentiel pour la biodiversité régionale et les tortues de l’océan Pacifique comme les tortues vertes et les tortues imbriquées.

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